Oonynty
Le corbeau et le semeur de tempêtes
Ainsi donc un corbeau vivait avec son épouse. Un jour il se rendit à la rivière. Là il vit un sérac et y grimpa. Là-haut ils se gratta la tête et en fit tomber un pou. Il attela le pou en pensant : « Je vais me mettre en route. » Il décida d’aller vers un espace libre de glaces. Il se mit en chemin. Une fois sur place il commença à pêcher à la ligne. Soudain il attrapa un petit homme. Comme il chanta les louanges de ce petit homme : - Oh, qu’il est beau ! Oh, comme il est soigné de sa personne ! Le petit homme sans perdre un instant se glissa dans une anfractuosité et dit à sa mère : - Maman ! Un visiteur est arrivé. Il n’en finit pas de chanter mes louanges. - Bon ! Invite-le. Il convia le corbeau. D’abord on lui servit un repas, puis on lui offrit des petits poissons. Après quoi la femme lui dit : - Surtout en chemin ne te retourne pas. Ne regarde ta charge qu’une fois chez toi. Le corbeau posa les poissons sur son traîneau et s’en fut. Soudain, alors qu’il cheminait, il sentit le traîneau s’alourdir. Malgré cela il continua son chemin de la même façon, sans se retourner. En approchant de son gîte, il rencontra le renard. Celui-ci lui demanda : - Frère, d’où viens-tu ? - Eh, tais-toi ! Tu me gâterais un endroit propice à la pêche. Le corbeau arriva chez lui. A ce moment seulement il regarda le traîneau. Il n’y avait qu’un seul poisson, mais énorme. Sa femme s’exclama : - Comme il est gros ! D’où viens-tu pour l’heure ? - Eh, tais-toi ! Fais plutôt rapidement du bouillon. Tu me gâterais un endroit propice à la pêche. Le lendemain le corbeau rencontra de nouveau le renard. Il lui expliqua en détail où aller et comment procéder. L’ami renard s’en fut à l’endroit indiqué. Une fois sur place il se mit à pêcher. Soudain il attrapa le petit homme et se mit à crier : - Quelle horreur ! Que cette chose est effrayante ! Oh, elle est toute sale ! Le petit homme disparut et dit à sa mère : - Maman, un visiteur est arrivé, mais il fait le dégoûté. - Dis-lui d’entrer. Il convia le renard à qui l’on servit à manger. Après quoi on lui donna des petits poissons. Le renard s’écria : - Pourquoi ne me donnez-vous que de petits poissons ? Les maîtres de maison gardèrent le silence. Le renard repartit. Affamé, il mangea les petits poissons avant d’arriver chez lui.
Le corbeau dit à sa femme : - Miteï, Miteï ! Je vais partir à la recherche des semeurs de tempêtes. - Bien ! Le corbeau sortit de sa yarangue et appela les animaux de la toundra. Toutes sortes d’animaux accoururent. Le corbeau choisit les renards polaires, les attela à sa barque et se mit en route. Il arriva près d’une demeure isolée autour de laquelle étaient accrochées des crânes humains. C’était le soir. Le corbeau dit aux renards : - Tranchez les lanières qui retiennent ces crânes et emportez-les dans la toundra. Vous-mêmes enfouissez-vous dans la neige. Ne laissez dépasser que vos oreilles. Alors le corbeau approcha de la yarangue et entra. On lui dit : - Bonjour. - Bonjour. - Où sont tes rennes ? - Par là-bas. Ils sont ensevelis dans la neige. Le lendemain on s’éveilla. Le beau temps était revenu. Le maître de maison dit à ses femmes : - Allez donc voir les rennes du visiteur. Elles y allèrent, puis revinrent : - On ne voit que leurs oreilles. Le corbeau se prépara à repartir. Il s’approcha de sa barque, la remit sur sa quille. Les renards se levèrent, s’ébrouèrent et firent mine de tomber. Les maîtres du lieu se mirent à rire d’eux. Ils semblaient penser qu’ils ne pourraient pas marcher. Pour que la barque fût plus lourde, ils la chargèrent de toutes sortes de choses, et aussi de nourriture. Les maîtres ne faisaient pas confiance aux renards. En outre ils enlevèrent leurs habits et les chargèrent aussi sur le traîneau. Alors, dès qu’ils eurent ôté leurs vêtements, les renards se ruèrent en avant. Les maîtres du lieu essayèrent de les poursuivre, mais ne purent les rattraper et moururent tous de froid. Depuis ce temps-là il fait toujours beau. Le conte est fini.
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Оонъынты
Вэтлы ынкъам тайъонрамкын
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Or donc Ememqut vivait avec sa femme. Un clan d’esprits malins, les kele, avait installé son campement à proximité. Ils avaient un petit chien appelé Uqeqeï. Un jour un vieux kele dit à sa femme : - Détache le chien. Elle le détacha, et aussitôt le chien fila vers le campement. Il entra chez Ememqut. Celui-ci comprit quel chien c’était. Ememqut dit à sa femme : - Ce chien qui est entré, attache-le. Ils attachèrent le chien. Un peu plus tard le kele s’en vint, qui cherchait son chien. Ememqut lui demanda : - Que veux-tu ? Le kele répondit : - Je cherche mon chien. Je suis triste de l’avoir perdu. Ememqut lui dit : - Si tu me donnes un de tes fils, je te rendrai ton chien. - Mais mon fils, c’est aussi mon enfant ! dit le kele. - Mais ce chien est à moi, dit Ememqut. Alors le kele dit : - Bon, je te donnerai un garçon. Suis-moi. On verra comment tu élèves l’enfant. Ememqut ramena l’enfant-kele chez lui. Il le nourrit de plats variés et le garçon grandit très vite. Ememqut dit à sa femme : - Notre fils est devenu dangereux. Qu’il s’en aille ravir une femme à Pegytti. Puis Ememqut dit à son fils : - Pourquoi n’irais-tu pas chez tes parents ? - D’abord je vais me marier, répondit le fils. Alors le fils d’Ememqut partit chez les gens d’En Haut. Il arriva chez eux sur la Voie Lactée. Quand il arriva, on lui dit : - Eh, bonjour ! - Bonjour. - D’où es-tu ? - J’appartiens au peuple d’en bas. - Ah ! Et qui est ton père ? - Ememqut. - Tiens donc ! Il a vite grandi, le fils d’Ememqut. Que viens-tu faire ? - Je viens prendre une femme à Pegytti qui vit par ici. - Ah bon ! Eh bien, vas-y. On te recevra là-bas, sur cette colline. Le fils d’Ememqut se mit en route. Quand il arriva, Pegytti bricolait dehors. En le voyant arriver, il dit : - Eh, bonjour ! - Bonjour. - D’où viens-tu ? - Je suis du peuple d’en bas. - Qui est ton père ? - Ememqut. - Oh, comme il a grandi vite, le fils d’Ememqut ! Que viens-tu faire ? - Je viens prendre une femme à Pegytti. - Tiens ! Eh bien, preneur de femmes, entrons dans ma demeure. Ils entrèrent. Pegytti dit : - Eh bien, preneur de femmes, rendons des visites. Ils partirent et virent des yarangues entièrement en fer qui toutes brûlaient. Pegytti dit au fils d’Ememqut : - Visiteur, entre le premier. - Tu es le maître. Entre d’abord. C’est ce qu’ils firent. Le maître des lieux entra le premier, et il ressortit bientôt en disant : - A ton tour. Dès que le jeune homme fut entré, Pegytti referma vite la porte et le laissa dans la maison en feu. Un peu plus tard il entra : - Où est le preneur de femmes ? - Je suis ici, répondit le visiteur. Le jeune homme sortit. C’est à peine s’il avait transpiré. Etonné, Pegytti lui dit : - Comme c’est curieux ! Effectivement tu es un chercheur de femmes. Rentrons chez moi. En arrivant il dit : - Visiteur, pourquoi ne jouerais-tu pas du yarar ? - C’est toi qui es le maître des lieux. Toi d’abord ! Le maître se mit à battre le yarar. Son esprit auxiliaire se mit à chercher le visiteur afin de le manger, mais il ne put le trouver. Pegytti cessa de jouer. - Où donc est le chercheur de femmes ? - Je suis ici, répondit-il de l’intérieur d’une peau d’hermine. - Comme c’est curieux ! Vraiment, c’est impossible ! Bon, à ton tour. L’adolescent se mit à battre le tambour. Aussitôt une jambe de Pegytti se déboîta. Il se trémoussa de douleur et dit : - Rends-moi ma jambe, je te donnerai une de mes femmes. Il dit à une de ses femmes de se préparer. Elle se prépara. On forma une caravane de traîneaux et avec elle on emmena un troupeau. Le jeune homme tenait la femme par la main. La femme d’Ememqut sortit et regarda en l’air. Elle vit comme un petit nuage isolé approcher. C’était manifestement la caravane de traîneaux. Elle alla dire à son mari : - Voilà notre fils qui revient. Ememqut sortit. Le tintement des clochettes se rapprochait. On dressa une yarangue. On abattit toutes sortes de rennes /en sacrifice/. Ememqut dit à son fils : - A présent va chercher tes parents. Il partit avec son épouse chercher ses parents. Ceux-ci, les kele, sortirent à la rencontre des visiteurs. Le père leur demanda : - Qui êtes-vous ? - Je pense que je suis le fils d’Ememqut. Les parents prirent peur : - Comme il a grandi vite, le fils d’Ememqut ! Le jeune homme dit à sa mère : - Va chercher d’autres marmites. Nous ne mangerons que dans de nouvelles marmites. Ils passèrent là la nuit. Il faisait encore nuit quand l’époux s’en fut attraper des rennes. Quand les kele se réveillèrent, les visiteurs repartirent. |
Эмэмӄут
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Habits-de-Chien, c’était le nom d’un adolescent. Il avait grandi chez un oncle pauvre. Ils avaient pour voisins de riches éleveurs qui étaient également les oncles du jeune homme. Celui-ci vivait chez l’oncle pauvre, mais il travaillait pour les riches. Le jour il gardait leur troupeau. Ses habits étaient en très mauvais état et, quand la froidure s’installait au pâturage, il avait toujours froid. Il y avait dans le troupeau une très vieille femelle avec son petit faon. La femelle disait souvent au jeune berger qui commençait à se geler : - Viens vers moi, réchauffe-toi avec mon petit. Il s’approchait d’elle et, blotti contre le faon, se réchauffait. Un jour elle lui dit : - Demain les hommes participeront à des courses. Va également y prendre part. Tu m’attelleras. Le lendemain l’adolescent se dirigea vers la première yarangue de la rangée, celle du riche éleveur. On lui servit du bouillon mal cuit aux herbes mal nettoyées. On ne lui servait toujours que cela. On lui dit : - Mange ton bouillon, puisque c’est ce qu’on te donne. Mais bien qu’affamé il ne le mangeait pas et allait le vider. Il sortit et se dirigea vers une autre yarangue. On ne lui servit de même comme nourriture que ce genre de bouillon. Evidemment il ne le mangea pas, sortit et alla chez son oncle pauvre, celui qui l’élevait. Là, par bonheur, on le reçut avec bonté : - Viens, berger, mange. On lui donna de la bonne nourriture. Après le repas, l’adolescent rapporta à son oncle qu’il y aurait des courses. L’oncle dit : - Prends-y part également. Le lendemain Habits-de-Chien alla attraper des rennes avec son lasso et l’oncle prépara le traîneau. Le jeune homme s’approcha de la vieille femelle et l’attela. L’oncle riche se moqua de lui : - Où comptes-tu donc aller ? L’oncle pauvre lui répondit : - Qu’il participe lui aussi à la course. Tout le monde se rendit sur les lieux. On se moquait du jeune homme pauvre et de sa vieille femelle dont, de surcroît, les bois étaient brisés. On arriva sur les lieux de la compétition. Des spectateurs félicitèrent le jeune homme : - Merci à toi ! Toi aussi tu es venu participer à la course. On s’élança alors que Habits-de-Chien en était encore à se préparer. Quand il eut fini, l’oncle encouragea la vieille femelle. Alors elle partit à toute allure, à tel point qu’elle soulevait des tourbillons de neige derrière le traîneau. Le jeune homme laissa derrière lui tous les concurrents. C’est lui qu’on vit déboucher le premier aux abords des yarangues. Il arriva le premier. Tous les spectateurs se réjouirent de voir que le jeune homme pauvre était arrivé en tête. |
Ы'ттъиръыльын
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