Pananto


Les habitants de l’île

Les cousins

L’homme qui utilisa son traîneau tout l’été

Les femmes sages

L’éleveur dupé

Le mince

Une femme adroite

Le petit orphelin






Les habitants de l’île

Or donc un grand diable d’Eskimo avait commis un meurtre dans un campement tchouktche. Plus tard, une fois la mer gelée, il était parti vivre dans une île avec sa femme. Ils avaient emmené avec eux comme compagnons un petit vieillard et son épouse. Ils y donnèrent naissance à deux fils et deux filles. Les garçons épousèrent leurs soeurs. Ils vivaient dans des yarangues en peau de morse. Les garçons mariés à leurs soeurs finirent par avoir des enfants. Leur grand diable de père mourut. Les vieillards qui avaient été emmenés par les Eskimos, vivaient dans la yarangue de derrière. Leur yarangue avait également un toit en peau de morse. Les descendants de l’Eskimo n’avaient jamais vu de Tchouktches. C’est pourquoi ils en avaient peur. Ils les craignaient comme on craint une contagion.

Voici qu’un jour, trois frères, des Tchouktches, chassaient en mer. Ils se perdirent dans le brouillard. Soudain apparut à travers la brume la masse sombre d’une île de galets avec des ravins. Ils abordèrent, tirèrent leur embarcation sur le rivage et regardèrent autour d’eux. Soudain ils aperçurent deux yarangues qui se dressaient séparément, loin l’une de l’autre. L’aîné demanda à ses frères :

- Vers laquelle irez-vous ?

- Vers celle de devant, cela vaut mieux.

- Alors moi, j’irai vers celle de derrière. Peut-être y a-t-il là de vieilles gens.

Les deux cadets se dirigèrent vers la yarangue de devant et entrèrent. Comme les maîtres de maison s’effrayèrent ! Quant à l’aîné, il s’approcha de la yarangue de derrière. Quand il entra, les maîtres de céans lui demandèrent :

- Qui es-tu ?

- Un visiteur. Nous nous sommes perdus dans le brouillard en chassant.

- Ah ! Eh bien, entre. Entre vite ! Es-tu seul ?

- Mes frères sont allés dans la yarangue de devant.

- Aïe, aïe, aïe ! Ils ne s’en tireront probablement pas.

Effectivement, les Eskimos qui avaient épousé leurs soeurs tuèrent les Tchouktches.

Sous son yorongue le vieillard avait creusé le sol. C’était une cachette pour les gens. Par-dessus il avait étendu une peau de morse qui servait de couche. Le vieillard y fit vite entrer le visiteur et lui servit une collation. Tout en buvant son thé, l’homme dit :

- Eh bien, voilà. Nous nous sommes égarés dans le brouillard en chassant. Visiblement nous sommes arrivés chez vos gens ...

- Aïe, aïe ! C’est que nous avons été emmenés ici par un grand diable d’Eskimo d’Uniin, le père de ceux d’à côté. Il est mort ici. Autrefois il a tué un Tchouktche, et il lui a fallu fuir. Il nous a emmenés comme compagnons. Et voilà, nous nous sommes installés ici à jamais. Que pouvions-nous faire ?

Les maîtres de la yarangue de devant poussèrent en mer la barque des nouveaux venus. Ils avaient déjà tué leurs deux visiteurs. Soudain l’un des deux meurtriers s’en vint à la yarangue de derrière et demanda :

- N’y a-t-il pas de visiteurs ici ?

- Non. En est-il venu chez vous ?

- Oui. Chez nous il en est venu deux.

Le vieillard répondit par la négative :

- Nous n’avons vu absolument aucun visiteur.

... Les proches des chasseurs les attendaient, mais en vain. Ils avaient disparu depuis longtemps...

Cela se passait au printemps. Un jour le vieillard dit à son hôte :

- Et si tu fabriquais un traîneau à patins en ivoire de morse ? Quand tu auras fini le travail, dis-le-nous. Et sors chaque soir uriner.

Ainsi, le visiteur se mit à faire un traîneau sous la peau de morse servant de couche. Dans le relkun, il faisait très clair grâce à la lampe à huile. Quand il eut construit le traîneau, le vieillard lui dit :

- Bientôt il fera nuit. Tu te mettras en route.

Le soir tomba. L’homme fit ses préparatifs. Avant de partir, il dit au vieillard :

- J’espère venir vous chercher l’année prochaine au printemps, ce jour même. Sache-le, je ficherai ma lance dans la paroi arrière de ta yarangue. Préparez-vous. Nous viendrons vous chercher.

Le printemps survint. Ils arrivèrent dans l’île où vivaient les meurtriers. Naturellement, l’aîné connaissait bien les lieux et leurs habitants. Ils accostèrent de nuit. Tout le monde était endormi. Ils se dirigèrent d’abord vers la yarangue de devant et entrèrent. Les frères assassins et leurs épouses vivaient tous quatre dans la même yarangue. Les nouveaux venus les abattirent tous. Puis ils se rendirent chez le vieillard. L’homme planta sa lance dans la paroi de la yarangue. Les deux vieux se préparèrent en hâte. On les ramena chez eux et on chargea aussi dans l’embarcation les peaux de morse pour en faire des semelles.

Les deux vieux restèrent avec eux pour les aider de leurs conseils. On les considéra comme père et mère.




Паӈанто


Илирыльыт

Йъэлгыраттэ

Ымаляӈэт гэкэӈыльыльын ӄлявыл

Кувчемгъольыт ӈэвысӄэтти

Ы'ръонтыё чавчыв

Гытычьын

Мылыльын ӈэвысӄэт

Ейвэлӄэй







Илирыльыт

Энмэн ӄол айванальычгын гэтэгинӈэтлин лыгъоравэтльарамкык. Ынӄъом аӈӄаӄэтык гаялгытлен гэӈэвъэнэ элерэгты. Ыргынан гэнрылин ынпыначгыӄай гэӈэвъэнэ, ӄынур ватомго. Ӈэнку гэӈинӄэетлин айванальычгын: ӈирэӄ эккэт эвыр ӈирэӄ ӈээккэт. Ынӄэнат гачакэттыӈавтынленат. Ытри рэпалгырата нитӄинэт. Ӄынвэр-ым ӈинӄэетгъэт чакэттыӈавтыӈыльыт, ытлыгычгын-ым ыргин гэпэлӄэтлин. Ынпыначгыӄагтэ, айванальэн рыляйвыёттэ, яатральо нитӄинэт, нэмыӄэй рэпалгыратамыльыт. Яатльат-ым айванальычгэн таӈалыгъоравэтльальокыльэнат, ынӄэната ытри ӄынур найылыӄэнат, ныкургыӄинэт.

Ӄутти йичьэмрэт лыгъоравэтльат ӈыроргарэ ӄол итгъэт ивинигъэт аӈӄагты. Ынраӄ-ым гатымӈэвленат йыӈэк. Люур йыӈэчыку уувъэтгъи чыгайэлетчыӈын, гайынрылен. Ыпгъэт ынкы. Ы'твъэт нэнэмнуӈэвын, лылепыткугъэт. Люур ыргынан нэльунэт ӈирэӄ ярат, амъянра ыяавылга вальыт. Ынпычьэ йичьэмиттумгэ пынлёнэнат ӄутти:

- Тури минкэгйит рэпкирӈытык?

- Вынэ ынанкэн ы'ттъыётрагъет.

- Вынэ гэмо а'тав яатрагъет, юрэӄ ынкы ынпыначгыӄагтэ варкыт.

Эквэтгъэт ы'ттъыётрагты ӈирэргэри йичьэмиттумгыт, рэсӄиквъэт. Ынраӄ-ым авынральа таӈайылго нэтчынэт…

Ынпычьын-ым яатрак эймэквъи, рэсӄиквъи. Рэсӄивыльын авынральа намӈылён:

- Ако мэӈин?

- Вай гымо, рэмкыльигым. Мури гайӈатымӈэвморе ивинильымури.

- Э, вынэ ӄырэсӄикви! Эӄылпэ ӄырэсӄикви! Амгынан етгъи?

- Тумгыт-ым ӈаан ы'ттъыётральык рэсӄиквъэт.

- Аакоо… Этъыманы ӄырымэвын ныегтэлынэт…

Ӄытлыги айванальыт чакэттыӈавыльыт нытэгинӈыльэтӄинэт о'равэтльак. Ынпыначгыӄайыргэн-ым ротванвын эвычен гэнутэргылин, эвын лыгэн о'равэтльаномкавын. Гыргоча-ым ганотайкочатленат рэпалгиӈа. Эӄылпэ нэтэнрэсӄивӈыгъэн рэмкыльын чоттагныгэӈэты ынкъам ӈэнку лыгэн нанчаёвын. Чаёма нымӈычоткоӄэн, чама чинит авынральыт нымӈытэлыткоӄэнат:

- Вынэ вай гайыӈатымӈэвморе ивинильымури, ӄытлыги турыгрэмкык мытыпкирмык…

- Аакоо… Вынэ вай мури ӈанӄо ганлымӈэнавморэ оӈээльычга, райыӈӄэныргэн рай ытлыгэ. Ытлён ӈутку гэпэлӄэтлин. Тэленъеп ытлён гэтэгинӈэтлин лыгъоравэтльарамкык, йыӄӄай ӈанӄо вай гэгынтэвлин, мури-ым ватомго ганлымӈэнавморэ. Ынкъам вай аръаля ӈутку мытнъэлмык, ӄэлюӄ миӈкыри мынинмык…

Ы'твъэт пыкитльин элерэгты гэнвылин аӈӄагты ы'ттъыётракэн авынральа. Ы'ттъыётрак-ым рэсӄивыльыт энмэч ганмыленат. Люур вай етгъи яатральэты ӄол йичьэмиттумгын тымыткольын. Пынлёӈӈогъэ:

- Уйӈэ ӈутку эрэмкыльыкэ?

- Уйӈэ… Ако гэрэмкыльыръулин?

- Ээй. Мурык ӈоты ӈирэӄ гэпкитлинэт.

Ынпыначгыӄагтэ нынӈэӄэнат:

- Уйӈэ миӈкы тэнлюнрэмкыльыльутэ.

Яральыт-ым ивинильин э'рыкут нъатчаӄэнат эвэнэльэты, э'ми о'тчой уйӈэ…

Ынӄэн кыткытык гатвален. Ӄол рыннин ынпыначгыӄая рэмкыльын ивнин:

- Эк вынэ, ӄанрорвоор ӄытэйкыркын, ынан эмӄынвулӄытвик ӄъэчесӄивыркын. Эвыт титэ рэплыткуӈын, ӄикви.

Ынӈин нотайкочагэӈкы рэмкыльын ныторвыӈӄэн, наӄам мытӄээкэтэ рэлкучыкун колё ныӄэргатӄэн. Эчги плыткунин орвыӄай, ынпыначгыӄая ивнин:

- Этъоӄааӄын айвэчгырокы ӄырагтыгэ.

Вулӄытвигъи. Тэнмавыӈӈогъэ ӄлявыл. Акватыӈок ынан ивнин ынпыначгыӄай:

- Эчвэрагыргын яврэна кыткытык тэкэм ӈотэнъылё мытрагтынтык. Митъэлыги кынмайпы пойгын тырэнъылиӈын. Тури ӄытэнмавыркынэтык, мытрагтынтык.

Кыткытръогъэ. Етгъэт элерэгты, миӈкы нынымытваӄэнат тэгинӈыльыт. Ынпычьэ-ым ӄлявыля ӄэлюӄ тэнлыги ынӄэн илир, ынкэкинэт нымытвальыт. Ныкитэ нантымлятгъан илир, энмэч ымыльо нымнымыльыт гэйылӄэтлинэт. Янор ы'ттъыётрагты эймэквъэт, рэсӄиквъэт. Ымыльо йичьэмрэтти тэгинӈыльыт гаӈавъанма ыннанрак нынымытваӄэнат. Ынӄэнат ымыльо пыкитльэ нанмынат. Ынӄъом ынпыначгыӄайык ярак эймэквъэт. Пойгын ръылинин ӄлявыля ранмэпы, эвыр ынкы ынпыначгыӄагтэ эӄылпэ тэнмаквъат. Ытри нанрагтатынат, чама лыгэн рэпалгымкиӈыт култэну нэйӈэнэт. Ынӈин ынпыначгыӄагтэ ырык рээн ваӈӈогъат нинъэйвыткульу, чама лыгэн ытлыгу-ытльано налгыӈӈонат.



Les cousins


Il était une fois des cousins. Le plus âgé vivait à part. Il n’avait pas d’hommes /pour garder le troupeau/. Ce sont des corbeaux qu’il avait pris en guise de bergers. Or en ces lieux les ennemis faisaient souvent des incursions. A de nombreuses reprises, on se ravissait de part et d’autre les troupeaux. Un matin, l’homme dit à son épouse :

- Va donc voir où sont les bêtes.

La femme sortit et dit en rentrant :

- On ne voit que les corbeaux qui planent.

- Où est le troupeau ?

- Il est parti tout droit là-bas. On lui a déjà fait franchir /la montagne/ de ce côté.

- Malheur !

Ce sont des ennemis qui avaient ravi les bêtes et les avaient emmenées. Que pouvaient faire les corbeaux ? La femme dit à son mari :

- Pars vite sur leurs traces et va le dire à ceux du campement voisin.

- Bah, laisse !

L’homme ne partit chez son cousin que le deuxième jour. Il tirait lui-même son traîneau car il était resté sans rennes. Pourtant il n’était pas soucieux pour autant. Quand il arriva chez les gens, ils lui dirent :

- Oh, oh ! Qu’as-tu à remorquer ton traîneau ?

- As-tu des rennes ? répondit-il simplement.

- Oui, j’en ai.

- Et si on allait voir comment ils se portent ?

Ils se dirigèrent vers le troupeau. Des rennes de trait étaient couchés, deux paires séparément.

- As-tu d’autres rennes de quatre ans ?

- Oui, j’en ai.

Ils allèrent les voir. L’homme en fit l’acquisition et rentra chez lui. En arrivant, il leur donna de la longueur. Une nuit passa. Au matin seulement, il partit sur les traces de son troupeau. Deux longues journées s’étaient écoulées depuis que les ennemis avaient volé les bêtes, et les ravisseurs s’étaient tranquillisés. Ils avaient fait halte près d’une rivière bordée de buissons. Ils avaient abattu des rennes, des rennes gras à souhait, après quoi ils avaient dressé leurs tentes. Ils avaient placé leurs traîneaux côte à côte. Le troupeau était là, près des yarangues.

L’homme arriva. Caché, il attendit la venue du soir. Dès que tous furent couchés, il s’approcha en tapinois. Il posa les lances des ennemis sous la courroie de ceinture de la yarangue. Après avoir réfléchi, il entra dans la demeure. Ils étaient tous endormis et ronflaient, car ils avaient abondamment mangé et ils étaient fatigués. L’homme rassembla tous leurs traîneaux et y déposa leurs lances. Il remorqua le tout en direction de son traîneau et ne laissa près des yarangues qu’un traîneau. Ensuite il retourna vers la yarangue et alla regarder les dormeurs. Ils avaient tous des poignards à la ceinture. Il retira tous les poignards de leur fourreau. S’approchant en tapinois, il trancha la gorge de ceux à qui il retirait leur poignard. Il ne laissa en vie que deux hommes, mais il leur prit leur poignard. Il alla poser tous les poignards vers son traîneau, sur lequel il chargea aussi toutes les têtes. Puis il s’approcha des deux hommes qu’il avait laissés en vie. « Av-vas ! /guerre/ » cria-t-il. Ils bondirent sur leurs pieds et voulurent se saisir de leur poignard. Mais ils n’avaient plus ni poignards, ni lances. Absolument aucune arme. Qu’auraient-ils pu faire ? Il en fit les convoyeurs de son troupeau, leur disant :

- Demain, ne manquez pas d’amener le troupeau. Il vous faut rentrer chez vous.

A cette époque-là, quand on se faisait la guerre, on ne tuait pas tous les ennemis. On devait en laisser un ou deux pour qu’ils aillent porter les nouvelles à leurs propres gens.

- Ne manquez pas d’amener le troupeau demain matin.

Sur ces mots l’homme partit chez lui. Sa femme s’en vint à sa rencontre : que de traîneaux ! Et ils étaient chargés de têtes et de lances. Il alla placer les têtes sur le support à traîneaux. Après quoi il dit à sa femme :

- Je vais ramener l’attelage à mon cousin. Ils doivent s’inquiéter.

Il emmena l’attelage. Quand il arriva, son cousin lui demanda :

- Eh bien ! Mon attelage est-il rapide ?

- Tout à fait convenable. Bon, je vais rentrer chez moi.

- Comment ! A pied ?

- Oui, à pied.

- Pourquoi ne pas utiliser ces vieux rennes sages, là-bas. Ils reviendront ici d’eux-mêmes. Simplement, en arrivant, déharnache-les.

On les attela. Avant de partir, l’autre dit :

- Nous allons faire le rite de la perdrix. Venez demain pour le rite.

- D’accord.

Le lendemain arrivèrent ceux qui venaient pour assister au rite. Déjà le troupeau approchait, que deux hommes convoyaient. Les cousins qui venaient d’arriver dirent :

- Tu n’avais pas d’hommes pour t’aider. Où as-tu trouvé ces hommes ?

Les nouveaux venus étaient assis à deux sur leurs traîneaux, avec leur femme en croupe. En arrivant, les femmes virent les têtes fichées sur les lances.

- Regarde, on dirait des têtes, près de la porte.

Les maris dirent :

- Silence ! Qu’il en soit ainsi !

Effectivement ils virent qu’un grand nombre de lances étaient plantées devant la porte et que des têtes y étaient fichées. Le maître des lieux ne célébra pas de rite. Il avait seulement voulu montrer les têtes. Il se contenta d’abattre des rennes pour les visiteurs. Après quoi ceux-ci prirent le chemin du retour.

L’homme dit aux deux convoyeurs :

- Bon, mettez-vous en route. Rentrez chez vous et allez informer vos proches. C’est tout.


Йъэлгыраттэ


Ганымытваленат йъэлгыраттэ. Ынанынпычьын йъэлгытомгын янра нынымытваӄэн. Уйӈыльин ытлён аӄлявылкыльэн, вэлвыт рыюльу нинэлгыӄинэт. Наӄам ӈэнку колё э'ӄэльыт нылейвыӄинэт, ныӄороткогэлеӄэнат.

Ӄулиинъэ ӄлявыля ӈэвъэн ивнин:

- Ӄыгитэсӄиквын, э'ми рай ӈэлвыл?

Ӈытогъэ ӈэвысӄэт, рэсӄивык-ым иквъи:

- А'мын ӈоты ытръэч вэлвыӄэгти камэйгааркыт.

- Э'ми-ым ӈэлвыл?

- Ӈанӄэн-ым ӈаан вэтгыры лыгэн гэквэтлин, энмэч ганырмагтатлен у'рэӈэнри.

- Ако како…

Ӄытлыги ынӄэн э'ӄэльэ гагтатлен, гэнэквэтэвлин, наӄам вэлвыт-ым ӄэлюӄ миӈкри нитынэт…

Ӈэвъэнэ ы'вэӄуч нинивӄин:

- Эӄылпэ аны ӄыръэтгыпгын ӈэлвыл! Чама ӈаан нымтакачгыт ӄивысӄиквынэт.

- Э, мачыргынан.

Вытку ӈирэӄэвык кивык ӄлявыл йъэлгытомгэты ӄытгъи. Ытлён пэгтъэмэтгъи, ӄэлюӄ-ым уйӈэ эӈэлвыльыкэ гэнъэтлин, вачаӄ ванэван ныкапчачавын. Пыкирыльын рэмкык нивын:

- Ако како, ынраӄ нырэӄигыт пэгтъэмэтэ?

Лыгэн ытръэч иквъи:

- А'йын гынин ӄаат вай варкыт?

- Ээй, варкыт.

- Эплеэн мытъымгитэсӄивынэт.

Ӄытгъэт ӈалвыльэты. Ӈирэӄ гымӄаарат чеэкэй нытлытваӄэнат, амъянра гаплытакалга.

- Ӄутти-ым таачымынтаӄаат варкыт?

- Ээй, варкыт.

Ынӄэнат нэльунэт. Ӄоранӈагъэ ӄлявыл, рагтакватгъэ. Ярак ӄаанэвлява киквъи. Инъэ вытку ръэтгыпакватгъэ. О'тчой ӈирэӄ ы'лёӈэт гагалялен, титэ э'ӄэльэ нэнгынтэвэтын ӈэлвыл.

Инэнгынтэвэтыльыт ӈэлвыльык гунтымэвлинэт. Ытри омкываамлыӈкы гулвэвлинэт, ынкы гаӄаанматленат, наӄам колё гачьыӄаанматленат. Ынӄъом рэмкын гатаранлен. Орвыт чеэкэй гэнтылинэт, ӈэлвыл ынкы манэграк ӄача.

Ръэтгыпыльын ынкы гэпкитлин, гаволӄытвэа'тчален амэчгыргык. Эчги атчьаръогъат, ӄутынэ чамэтанэнат. Э'кэ'льин пойгыгэнэв манэгратанмэчгыгэӈкы гэнтылинэт. Тэнчимгъугъи чамэтаткольын, эймэквъи манэграгты. Эвын ынкы рэмкын гайылӄатчален, амӄынӈырвэлё гэнъэтлинэт, ӄэлюӄ-ым гагтыӄамэтваленат, гичичивлинэт. Ръэтгыпыльа ымыльо орвыт рычеэкэвнинэт, пойгыт ынкаткынык тинэӈэгнинэт. Орвымкын гапойгыма рыльэтэннин ынык орвэты, манэграк ӄача пэлянэн ытръэч ыннэн орвоор. Ынӄо ытлён ныватгъэ, гитэсӄивнинэт йылӄыльыт. Ымыльорык ричитык нытваӄэнат валячгыт. Ынӄэнат валячгыт йытольаннэнат ръысӄоолгэпы. Чамэтаткольа эвыр лыгэн валянтоё нинэпилгылвиӄин, ытръэч тэкэм ӈирэӄ о'равэтльат рырынувнинэт. Ыргин-ым валят нэмыӄэй гагтоленат. Йытойвыёттэ валят орвэты майынлянэнат. Левтыгинив нэмыӄэй орвыт йыӈэнинэт. Ынӄоры йъонэнат ынан ӈирэӄ рырыновъёттэ. «Аввач» - рыннинэт. Ӄутти ӄутысӄычетгъэт, э'рыкут-ым чит валят напэрэӈӈонат – ытръэч-ым тэӈуйӈэ, ымы пойгыт э'ми… Лыгэн-ым тэӈуйӈэ ирвыкэ… Миӈкыри-ым ӄэлюӄ нитынэт… Ынӄэнат ӈирэӄ о'равэтльат ӄаагтатыльо лыгнинэт, ивнинэт:

- Вэты эргатык ӄыныпкирэтгыткы ӈэлвыл, рагтыльыторэ!

Наӄам ӈан ӈэнку а'ӄальыльанма ванэван ымыльо ы'нынмынат э'ӄэльыт, вэты нынпэлявӄэнат ыннэнъют-ӈирэют, ӄэлюӄ-ым пынлятыльылӄылтэ ченэтрамкэты.

- Инъэ вэты ӄыныпкирэтгыткы ӈэлвыл!

Ынӈин ивыплыткук, ӄлявыл рагтакватгъэ. Пыкэтльэты ӄытгъи ӈэвъэн, эвын колё орвыгэнэв, левтинэӈэльын чама пойгэнаӈальын. Левтыгинив орвытараӈык рыннинэт. Ынӄо ӈэвъэн ивнин:

- Гаканъё вай мынльэтэгъэн, пэгчиӈээркыт.

Рыльэтэннин ынан гаканъё. Пыкитльэн йъэлгытомга пынлёнэн:

- Ы'мто гаканъё миӈкэмил йыӄэльын?

- Ынӈатал мэчынкы вальын. Вынэ вай гымо мырагтыркын.

- Ээ. Леӈытаӄ чейвэ риты?

- Ээй, чейвэ.

- Иа'м ӈаанӄэнат ӈаан пэтыгыттапӄайӈыт аяака, ынан чинит рарагтыӈыт, лыгэн пыкирык ӄывъятгынат.

Ныкылгэтгъэн. Ӄутынэ-ым акватыӈӈок ивнинэт:

- Рэвымрэвӄэй-ым вай мытрэнымӈивӈын. Эргатык эвыр ӄымӈэгтытык.

- Ээ.

Эргатык етгъэт мыӈэгтыльыт. Эвын ӈэлвыл нынининивӄин, ӈэранӄлявыля нагтатӄэн. Мыӈэгтыльыт йъэлгытомгыт нивӄинэт:

- Алымы аӄлявылкыльэн, мэӈӄо гаӄлявылынӈален?

Мыӈэгтыльыт эмӈирэнӄытчиӈэ гитлинэт, ӈэвъэнти ныйӈэӄинэт. Пыкэтчыӄэвма ӈэвъэнырык гэльулинэт ойпытвальыт пойгык лявтымкычгыт:

- Ӄыгит аны матлявтымкиӈын тытлык ӄача?

Ы'вэӄучирык ытри нивӄинэт:

- Эӄуликэ ӄытваркынэтык, мачыргынан ынкы!

Ӄэглынангэт нэльугъэн: пойгымкычгын гэнпивылин тытлык ы'ттъыёча, пойгыт-ым галявтойпэвыленат. Э'ми вай наӄам авынральын люӈымӈитэ, ытръэч ынӄэнат нэнанкалыровӄэнат. Мыӈэгтыльыт йъэлгытомгыт ытръэч ӄаанмынэнат. Ынӄо-ым ытри рагтыгъат.

Ӄаагтатыльыт-ым ӈирэӄ ӄлявылтэ ивнинэт:

- Эк, ынкъам ӄылеркынитык, ӄырагтытык, ӄынэргыпавысӄэквыткы яральыт.

L’homme qui utilisa son traîneau tout l’été


On dit qu’un homme se servit de son attelage de rennes tout un été. Une fois que les guerres eurent cessé, semble-t-il. Ses amis partaient, portant des charges sur le dos. Pour sa part, il passa l’été chez lui à entraîner ses rennes. Avec eux il remorquait des troncs d’arbres, des poutres. Il les traînait le long d’un lac. Son père lui disait :

- Les autres marchent à pied, mais toi, tu ne te déplaces qu’avec ton attelage de rennes.

En hiver il vivait à part. A la venue de l’hiver, ils commençaient à faire la guerre, comme s’ils se rendaient chez un éleveur d’un autre campement. Ceux du campement voisin dirent à celui qui s’était servi de son attelage tout l’été :

- Nous allons partir là-bas.

Il dit à son père :

- Je partirais bien aussi. Les autres, là, vont se battre.

Mais les autres avaient des rennes bien gras, alors que les siens, dont il s’était servi tout l’été, étaient maigres. En hiver il leur faisait passer la nuit près de la porte de la yarangue, à couvert.

Son père lui demanda :

- Lesquels utiliseras-tu ?

- Les mêmes qu’auparavant.

- Oh non ! Celui-là, tu ne l’emmèneras toi-même que dans la toundra.

Ils partirent. A peine étaient-ils partis, ils laissèrent très en arrière celui qui voyageait en été avec son attelage de rennes. Dès que les jours rallongèrent, il rebroussa chemin et finit par s’approcher de ceux qui l’avaient laissé en arrière. Au loin, tout près d’une montagne, on voyait le campement qu’ils avaient atteint. Rejoignant les autres, il leur demanda :

- Quelle direction allons-nous prendre ?

- Celle-là, vers la montagne. Ne retourne pas en arrière. Tu ne pourrais avancer. Nous allons passer la nuit dans la toundra.

- Bon, faisons ainsi.

Sur ces paroles il partit, dépassant ses amis. Il avança un peu et attendit les autres. Quand ils arrivèrent, il leur demanda :

- Et à présent, par où aller ?

- Là-bas, vers la montagne.

Eux-mêmes ils se disaient : « Oh, oh ! Tu nous laisseras en arrière. »

Car celui qui venait de leur poser la question était parti à toute allure, au grand galop. Ayant ainsi passé sans s’arrêter, il arriva au campement. Les autres, eux, passèrent plusieurs nuits en chemin.

Dans ce campement vivait un éleveur qui avait un fils et deux filles. Le fils se déplaçait toujours à pied, et avec lui son ami, un grand chien qui le suivait constamment. Il y avait là une longue et haute montagne pierreuse. De là-haut, le fils de l’éleveur se laissait glisser sur des skis à semelles en peaux de jambe de renne. Et voilà qu’il arriva à cette yarangue même. Là celui qui voyageait avec son attelage le vit. Il attachait les lanières de ses talons. Près de lui son chien se grattait l’oreille. Le voyageur se précipita vers celui qui s’était penché pour attacher ses lanières et, jetant une bride sur lui, le fit asseoir. L’éleveur dit :

- Oh ! Toi seul as pris le dessus sur moi. Je vais rester ici : comment oserais-je reparaître devant mon père ?

Le voyageur lui dit :

- Allons, je ne me déplace pas pour tuer. Je viens simplement en visiteur. Regarde, je suis sans armes. Je n’ai pas de lance. Je n’ai que ce couteau. Allons chez toi. Où est ta yarangue ?

Comment l’homme aurait-il pu refuser ? C’eût été une honte de rentrer chez son père chargé sur le traîneau d’un autre /tel un prisonnier/. Il dit au voyageur :

- Attachons le chien.

- D’accord.

Le traîneau glissa vers le bas de la pente, brides toujours tendues. L’attelage filait à toute allure. En arrivant en bas, il lança les bêtes au galop. Soudain le chien roula sous l’attelage.

- Oh, nous allons tuer le chien !

- Je me disais qu’il était leste. Apparemment, ce n’est pas le cas.

Il amena l’homme chez son père. Celui-ci dit au visiteur :

- Oh, tu as préparé mon fils /à mourir/. Au moins buvons le thé d’abord, et après fais de lui ce que tu voudras.

Le voyageur répondit :

- Je ne voyage pas pour tuer. Je recueille seulement les nouvelles. Vois, je n’ai pas de lance. Et ton fils reste ton fils.

Ils entrèrent pour boire le thé. Le maître de maison interrogea ses filles :

- Eh bien ! Voilà un visiteur qui nous est arrivé. Laquelle consentira /à l’épouser/. Un autre eût tué notre homme. Il ne l’eût pas relâché comme il l’a fait. Laquelle consentira ?

L’aînée dit :

- Moi, j’accepte.

On partagea /les biens de/ la yarangue, et ils /les jeunes époux/ partirent avec une caravane de traîneaux. Le beau-frère /le frère de la mariée/ les aida un peu.

Les autres, ceux qui allaient chez les gens, virent mourir leurs rennes bien gras, et ils rebroussèrent chemin. Ils passèrent par chez le vieillard et lui dirent :

- L’homme n’est plus là. Où est-il ?

- Ses rennes sont probablement morts quelque part. Le voilà piéton.

Pendant ce temps, ceux du train de traîneaux poursuivaient leur chemin. L’homme, celui qui récemment voyageait, dit à ses compagnons de route :

- Je vais aller informer les miens. Vous, avancez en caravane.

La femme dans son traîneau couvert continua sa route en caravane, devant l’énorme troupeau /car on lui avait donné sa part du troupeau/.

Une vieille sortit de sa yarangue et vit le voyageur qui approchait petit à petit.

- Tiens, quel est cet attelage qui vient ?

- Oh, oh ! C’est peut-être lui. Il revient de quelque lieu dans la toundra.

Le père dit au nouveau venu :

- Bonjour.

- Bonjour.

- Tu es resté longtemps sans revenir... Dois-je emmener les rennes de ton attelage /au troupeau/ ?

- Va plutôt à la rencontre de la caravane.

- Quelle caravane ?

- Il y a là-bas une caravane en route avec un troupeau.

- Comment y aller ?

- Prends ces rennes.

- Oh, mais à la longue ils finiront par crever !

- Mais non.

Quand son père fut prêt à partir, son fils lui dit :

- Seulement tiens les brides bien tendues. Celle de gauche, ne la retiens pas.

Le vieillard partit aux devants des arrivants. Il avait beau encourager les rennes, il ne pouvait les faire avancer, car il ne savait pas s’y prendre. Il se retournait vers la yarangue et elle était toujours aussi près. Quand elle eut disparu, il est vrai, il se mit à battre les rennes, mais ceux-ci ne lui obéissaient pas davantage. Alors le vieillard se souvint des paroles de son fils. Pourquoi donc lui avait-il parlé de la sorte ? Et si je relâchais la bride gauche ? Il relâcha la bride gauche. Alors l’attelage accéléra, accéléra, augmenta l’allure. Le vieillard se dit :

- Voilà pourquoi il m’a dit cela. A présent je vais relâcher les brides.

Il les relâcha. Alors l’attelage partit au galop. Plus tard, il aperçut le train de traîneaux et le doubla par la droite. Puis il dépassa à vive allure le troupeau car l’attelage s’était mis à accélérer encore. Finalement le vieillard dans son émotion roula à bas du traîneau. A ce moment seulement, l’attelage s’arrêta. Le vieillard se dirigea vers la caravane de traîneaux en tenant les rennes en bride. Il vit l’homme et sa soeur. L’homme dit :

- Eh bien, je suis allé assez loin. Je vais faire demi-tour. Je me suis beaucoup éloigné.

- Sois mon hôte.

- Non, non. Je vous ai assez aidés.

Il repartit en glissant sur ses skis à semelles de peau de renne. Le vieillard attacha l’attelage de sa bru et de sa caravane. Le troupeau suivit de lui-même. On arriva. On dressa une yarangue à part /pour les jeunes époux/. A proximité se trouvait l’énorme troupeau. Leurs quelques rares rennes de trait, ils les mêlèrent au troupeau. Ils étaient devenus des éleveurs très riches de rennes. Le fils du vieil homme dit :

- Je vais aller informer ceux du campement voisin que nous avons amené une épouse à la maison.

Le soir, il alla dire à ceux avec qui ils étaient partis au combat et qui étaient revenus :

- Demain nous célébrerons la noce. Nous vous invitons.

-Oh, oh ! Bien sûr nous viendrons.

Quand l’homme fut parti, ils dirent :

- Où a-t-il trouvé une épouse ? Car enfin il n’avait que de mauvais rennes. C’est probablement quand il nous a dépassés. Il a dû alors se rendre directement chez les gens. Ses rennes n’ont pas dû mourir.

Ils se rendirent chez le nouvel époux. En arrivant, ils virent deux yarangue et un énorme troupeau à proximité. Comme ils furent intrigués ! L’homme abattit des rennes pour les visiteurs qui rentrèrent chez eux.

Le vieillard dit à son fils :

- C’est bon, tu peux utiliser ton attelage à ta guise.

Car à présent il ne doutait plus. Il comprenait pourquoi les rennes tombaient morts.

Ымаляӈэт гэкэӈыльыльын ӄлявыл


Энмэн ӄол ныгэкэӈыльыӄин ымаляӈэт, эвын маравпаак ӄынур… Ныгэкэӈыльыльэтӄин ымаляӈэт. Тумгыт нимтилӄытӄинэт, ытлён-ым а'нэвляа нэлеӈитӄин. О'моттычгыт, бревночгыт ӄаата нъэмэтӄинэт, гытгылыӈкы нинэнивлевӄинэт элек. Ытлыгэ нинивӄин:

- Тумгыт чейвыткуркыт, гыт-ым ытръэч гэкэӈыльыльээркын.

Льэлеӈкы ытри ныянранымытваӈӈоӄэнат. Ынкы льэлеӈрукы рынносӄэвымгогъат, ӄынур найъомгогъан ӄоленымыӈӄачкэн чавчыв. Нымтакачга нивын элек гэкэӈыльыльэтыльын ӄлявыл:

- Мури вай ӈэнри мытылӄыыркын.

Ытлыгын ӄутынэ ивнин:

- Э'птэ гым тъылӄытгъэк, ӈаан тумгыт рынносӄэвыркыт.

Наӄам тумгэ ачьыльиӈыт ӄаат гаяаленат. Ынинэт-ым элек яайвыёттэ ӄупӄыльыт, льэлеӈкы тытлырак нинэныткивэтӄинэт, иниргиӈэтэ. Ытлыгэ пынлёнэн:

- Ръэнээт-ым раяаӈынат?

- Пэнинэт-ым тыраяаӈынат.

- Вынэ мэй, ӄырымэвын. Ынӄэн ытръэч нотагты увик чиниткин рамайынляӈын!

Эквэтгъэт. Колё ныпэчасӄэвӄэн турэквэтык элеӈит гэкэӈыльыльын. Эчги нэвлявтъылёӈэт ӈунри тылеӈӈогъэ, ӄынвэр рэймэвнинэт пэляткольыт. Чекыяа, ынанӈагтагнык нывытрэтӄин ыргин йъоё нымным. Эчги йъонэнат тумгыт, пынлёнэнат:

- Ако, миӈкэгйит-ым вай мытрэлеркын?

- Ӈаанӄэн-ым ӈан ӈэгтэгын, ынкэгйит мытрэлеркын. Опопы иа'м гыто эпэлӄынтэткэ, ӄырымэвын ынӄэн ӄылеги. Мури вай нутэк мытрэткивы.

- Вынэ а'тав ынӈин…

Ынӈин ивыплыткук, эквэтгъи, галянэнат тумгыт. Ӄээӄын тылегъи, а'тчанэнат тумгыт. Пыкитльэт пынлёнэнат:

- Ы'мто вай миӈкэгйит?

- Ӈанӄэн ӈан ӈэйыгйит.

Чинит-ым чемгъоӈӈогъат: «Оккой мэй, нарапэлямык…»

Миӈкыри ӄун игыткин пынлёльын ӈанӄэн ӈан и'рэквэтгъи, йыӄытчогъэ. Ынӈин ытлён ӄунтылегъи, пыкиргъи нымнымык. Тумгыт-ым ынин тъэче кивыткугъэт тылянвык.


Ӈэнку нымнымык нытваӄэн ыннэнэккэльын. Ӈирэнӈээкэльын чавчыв. Чавчыван ӄунэкык пэнин чейвыткульын, ынык рээн томгъыттъычгын пэнин лымӈэнальын. Нивлыӄин кааквыльын эквыӈагчыӈын ынкы нытваӄэн. Ынӄо пэнин чавчывэн экык тэгралельын панратэга. Ӈанӄэн ныпкирӄин талваяратагнэты. Тэкэм ӈэнку льунин гэкэӈыльэ. Ытлён нылпынитӄин, ы'ттъиӈын-ым ынык ӄача нывилюргыткуӄин. пынэткаӈатытвальын э'рапэнрынэн гэкэӈыльэ, гакаӈӄоолгыгнэнтынэн рывакъовнэн. Чавчывӄлявыл иквъи:

- Ок, како! Вытку гынан инэнъэӄэлтэквъи! Лыгэн опопы ӈутку ръэльулӄыле-ым ытлыгэты мырагтык…

Гэкэӈыльэ ивнин:

- Вынэ ӄырымэнайгым тэгинӈыгилильигым, а'тав вай рэмкичильигым. Ӄыгит вай уйӈэ ирвыкэ, апойгыка, ытръэч амынан валы ӈотӄэн. Энмэч мынрагтымык, яраӈы миӈкы варкын?

Ӄэлюӄ-ым нъэнӄэтын ӄлявыл, ӈыркычгыргын ытлыгэты йыӈэльын рагтык. Ӄлявыля гэкэӈыльын ивнин:

- Ы'ттъыӄэй мыннилгитын…

- Ээ!

Эвтылягты орвоор ныралеӄэн, ӄонпы и'лгыт э'вкы, гаканъё ныръилемъетӄин. Эвтылятыӈок, гаканъё гыргочата кавратыльыръогъэ.

- Аа, вай ы'ттъыӄэй мытынмыркын!..

- Э, наӄам мытив гамчытвэлен, ӄытлыги этлы…

Рыралгавнэн ӄлявыл ытлыгык. Ытлыгын иквъи рамкыльэты:

- Ок, а'мын экык рытэнмавын… Вэлер янор мынчаёмык, ынан чаёплыткок миӈкыри ӄынтыгын…

Гэкэӈыльэ-ым ивнин:

- Аны вай гымо ӄырымэнайгым тэгинӈыгилильигым, вай ытръэч пыӈычгэчельэгым. Уйӈэ вай апойгыка. Энмэч лыгэн гынин экык пэнинэмил эккэну нииркын.

Чаграсӄэквъат. Ӈээккэт нэнамӈылёӄэнат авынральа:

- Ик, а'мын-ым вай рэмкыльын пыкиргъи. Мэӈин ипэ равалёмгъа? Ӄутыргу ӄлявылӄай мургин нъынмынэн, ӄырым ынӈин нъытрилнин. Лыгэн мэӈин ипэ нывалёмын?

Ынпычьыӄэй иквъи:

- Гымо-ым вай.

Ралвэгъат, ӈанӄэн ӈан муулӄытгъэт. Ӄээӄын винрэтгъи а'ачегматальын.

Ӄутти-ым рамкэты тылельыт ачьыӄаальыгэнэв гаӄаатватръоленат, гэпэлӄынтэтлинэт. Ынпыначгыӄайгыпы гаталенат, нивын:

- Уйӈэ э'ми ӄлявыл…

- Аны этааны миӈкы ӄаатватгъэ, чейвэ нъэлгъи…

Муульыт-ым нылеӄинэт. Ӄлявыля, гынмылкин гэкэӈыльэ ивнинэт тылетумгыт:

- Вай яральыт мынэргыпавысӄэвынат, виин ӄымгутылеркынитык.

Ӈэвысӄэт каарачыко нымгутылеӄин, ӈэлвыл-ым нымгочгатӄэн /лыгэн гаӈалвыльыма гинэчвилинэт/.

Ӈытольа ярачыкойпы ынпыӈэвӄэе льунин пыкитчычельын гэкэӈыльын:

- Кыкэ ӈотыӈӄэн ръэгэкэӈыльын тылеркын.

- Ако, леӈытаӄ ымы ынӄэн ытлён. Мэӈӄо нотайпы ныватгъэ.

Пыкитльэн ивнин ытлыгэ:

- Ако ети!

- Ээй!

- Ако како о'тчой вытку… Вай мынленэт ӄаат?

- Аны энмэн муульыт рай ӄыяагнагынат.

- Э, ръэмуульыт?

- Ӈаан-ым ӈан муульын тылеркын эвыр ӈэлвыл.

- Ако како! Рэӄэ-ым тыритгъэ?

- Ӈотӄэната.

- Олё а'мын, уйӈэ ӄынвэр ратванӈыт!

- Вынэ ӄырым.

Акватыӈольын эккэтэ ивнин:

- Ынӈэ эченур ягэлгын анпагтытравка.

Чама нинивӄин:

- Ынӈэ ӈачгыягэлгын анъяа'равка.

Ынпыначгыӄай эквэтгъи ягнанвэты. Ӄэйвэ кыгэн ныӄааткольатӄэн, ытръэч гаканъё нъэвчайвыркылявӄэн, ӄэлюӄ-ым эйгулеткыльин рытавкы. Яраӈы нэнантаалгылявӄэн, тэпэнинэӈэ чымчеӄэй. Эчги амэчатгъэ, ӄэйвэ лыгэн нэнаркыпчевыӄэнат ӄорат, вэнлыги ӄырымэвын нырынгэвынэт. Ынкы ынпыначгыӄая кэтъонэнат вэтгавыт эккин, иӈӄун ӈан иа'м ынӈин иквъи? Эплеэн ӈачгыягэлгын мынъяа'равын… Рыяа'равнэн ӈачгыягэлгын, люур гаканъё якгачаӈӈогъэ, таалгылыткоякгачаӈӈой.

Ынпыначгын иквъи:

- Эвыӈан чемэт ынӈин нивӄин. эплеэн ынраӄ ягэлгын мынпагтытравын.

Рыпагтытравнэн, люур вай гаканъё ръилегъи. Ынӄъом муульыт льунинэт, лыгэн галянэнат мыранолгата. Ымы лыгэн ӈэлвыл э'рагалянэн, ӄэлюӄ-ым гаканъё таӈаръаля гэйӄэвлин. Ӄынвэр вэймэнэ ынпыначгыӄай кувлыткугъи, бытку ынкы гаканъё нывилгъи. Ынпыначгыӄай ӄаанрывэнра ӄытгъи моольэты. Ынкы льунинэт ӄлявыл гачакэтта. Ӄлявыл иквъи:

- Вай гымо ратан, мынватгъак, тыйӄунтээркын.

- Вынэ ӄырэмкичиги.

- Вынэ мэй этлёо. Мэчынкы вай тывинрэттык.

Ӈанӄэн рагтакватгъэ панратэгыльын. Ынпыначгыӄая ритлиннин ынтэ гамгома, ӈэлвыл-ым чинит лыгэн нылеӄин. Пыкиргъэт. Тараӈгъат янра, ынкы ӈалвыльычгын колё. Пэнинэт ыргинэт тъэрӄэгти мооӄааӄагтэ нэнръэчевынэт, колё чавчывано нъэлгъэт. Экык ынпыначгыӄаен иквъи:

- Вай мымӈылятчыӄэвык нымтомгэты, ӈавынрагтатыльыморэ.

Айвэкэнат ынинэт рынносӄэвтомгыт пэлӄынтыръульыт ивысӄивнинэт:

- Эргатык вай мытраӈавынрагтатгъа, ӄыетгытык!

- Ако како, вынэ вай мытрэетгъэ!

Эчги эквэтгъи ӄлявыл, эвыӈӈогъат:

- Мэӈӄо гэӈэвысӄэтльунин? Алымы ӈан а'ӄаӄаальын. Леӈытъа мэй ӈэнку ӈан напэлямык, эвыӈан лыгэн ӈэнри рамкэты гэквэтлин, таӈаӄаатваткыльэн…

Ӄытгъэт ӈавынрагтатыльэты. Пыкирык нэльунэт ӈирэӄ ярат, ӈалвыльычгын ярак ӄача. Колё ниничгытӄинэт. Рэмкичильыт ӄлявыля ӄаанмэвнэнат, рагтыгъат.

Ынпыначгыка'я-ым экык нинивӄин:

- Ӄэйвэ вынэ ӄыгэӄэныльээркын.

Ӄэлюӄ-ым вытку матэвӈытогъэ, эвыӈӈогъэ, эвыӈан чемэт таӈаӄаатваткыльэн.

Les femmes sages


Or donc une fois des femmes faisaient paître leurs rennes elles-mêmes, car il n’y avait pas d’hommes à la maison. Un jour l’une d’elles dit :

- Eh bien, amie, si on abattait un renne.

- D’accord.

Elles abattirent un renne. Cela se passait de jour. Le soir on n’allumait pas de feu /pour ne pas être vu des ennemis/. Elles firent un grand feu et y placèrent la marmite. Elles remplirent de branchettes une combinaison en peau de renne ayant l’apparence du daim et /pour compléter l’épouvantail/ elles lui firent un visage en se servant des poumons /de la bête abattue/. Après quoi, elles installèrent l’épouvantail près du feu. Les femmes allèrent se cacher en emportant leurs armes. Soudain, un peu plus tard, un fort détachement d’ennemis arriva. Ils se mirent à crier « Av-vas » /guerre !/ à celui qui était assis près du feu. Mais il resta longtemps sans bouger. Alors ils le frappèrent de leur lance. A ce moment seulement les ennemis comprirent qu’ils n’avaient transpercé qu’une combinaison remplie de branchettes. Ils se réjouirent, pensant que les maîtres de céans avaient fui. Quelle marmite ils avaient laissée !

Le chef du détachement s’assit près de l’entrée de la yarangue et y attendit qu’on lui donne à manger. Comme ils s’empiffrèrent ! Certains d’entre eux avaient apporté de la nourriture au chef. Ils avaient placé leurs lances au pied de la paroi de l’habitation. Les femmes qui s’étaient cachées allèrent porter les lances au bas d’un ravin. Les ennemis affamés ne les entendirent même pas. Après avoir emporté les lances, les femmes se dirigèrent vers le groupe des convives. Elles transpercèrent le chef en le frappant dans le dos. Aux autres elles crièrent : « Av-vas ! » Ils se précipitèrent vers leurs armes. En vain ! Elles avaient toutes disparu. Alors ils prirent les jambes à leur cou. Les femmes leur donnèrent la chasse pendant quelques minutes. Comme elles étaient sages et fortes, les femmes, autrefois !

Кувчемгъольыт ӈэвысӄэтти


Энмэн. Ӄол гитлинэт эмӈэвысӄэтти гаӄаальатленат (ӄэлюӄ-ым уйӈэ аӄлявылка ярак). Ӄунэче ӄол ӈэвысӄэт иквъи:

- Аны, ӈавыл, мынӄоранмат…

- Ии.

Ӄоранматгъат, наӄам ы'лё нытваӄэн. Ванэван ытри вулӄытвик нывинтэтынэт, ытръэч амъылё. Нэтэйкыгъэн пэнъёлгиӈын, ынӄо ывикук нэнпыгъэн. Ратамвытычгын кэнъутэ нэйыръэтын ӈэвысӄэтэ, рытчетэ нэльулӄылетын, ынӄо пэнъёлгык ӄача нанвакъовын. Ӈэвысӄэтти-ым амэчгыргэты атчысӄэквъат, нэнрынэт чиниткин ирвыт. Люур ӄээӄын вак ӄэглы а'ӄальымкычгын пыкиргъи. Колё «аввач» нантэвыӈӈогъан пэнъёлгык ӄача вакъотвальын. О'тчой наӄам илюльэткыльин, ӄынвэр пойга натантэнмыӈгъан. Чичеквъэт вытку ынкы э'ӄэльыт: ӄытлыги ратамвытычгын, кэнъутэ йыръыльын, нытынпэвыӄэн. Колё коргаквъат, гынтэвыльу нэлгынэт ынкэкин авынральыт, наӄам аны йыӄӄай-ым ывэкокачгын!

Армачгын манэгракэн тытлык ӄача гавакъолен, ынкы ныпэчьатчаӄэн. Аны рэмкын ӄамэтвамгогъэ! Армачгын-ым ӄутырык ӄэмэнльэтэтэ нынтыӄин. Ыргин-ым пойгымкычгын манэграк рэнмылгыгиӈкы гэнтивылинэт. Атчысӄэвыльа ӈэвысӄэтэ ынӄэнат ирвыгинив намайынляйвынат йынрыгэӈэты. Гытъэвыльэ э'кэ'льэ рыпэт аны лёӈвалёма ытри. Инэривлетыплыткук, ынраӄ-ым ӈэвысӄэтэ ӄамэтвальыгэнэв найъонат. Армачгын лыгэн ӄаптэйпы яалеӈӄачайпы натынпын. Ӄутти-ым «аввач» нэнтынэт. Аны э'рыкут эрвэты кытгынтыръогъат, ытръэч-ым тэӈуйӈэ ирвыкэ… Аны рэмкын гынтавчагъэ!.. Лыгэн ынкы ӈэвысӄэтэ ӄээӄын нэркычечьивынэт ытри.

Колё аны кувчемгъольыт чама нэрмэӄинэт ӈэвысӄэтти тэленъеп.


L’éleveur dupé


On dit qu’un Eskimo d’Uniin était allé voir un éleveur. Celui-ci avait deux femmes. Des voisins vivaient là. Ils avaient deux fils, des bergers. En arrivant l’Eskimo dit à l’éleveur :

- Et si on allait ramasser des oeufs dans l’île ?

- D’accord, allons-y.

Au loin on voyait une île où pondaient toutes sortes d’oiseaux, des quantités de volatiles. Ils partirent à deux, l’Eskimo et l’éleveur, chercher des oeufs. Une fois dans l’île, l’eskimo dit à l’éleveur :

- Vas-y pour le moment, moi je tirerai la barque sur le rivage.

L’éleveur se dirigea vers les oeufs. Avec quelle convoitise il les regardait ! De son côté, l’Eskimo reprit la mer dès que l’éleveur se fut éloigné. Quand l’éleveur leva les yeux, l’autre était déjà loin dans sa barque, se dirigeant vers les yarangues. Il avait abandonné l’éleveur dans l’île. L’éleveur abandonné y passa le printemps, se nourrissant d’oeufs crus.

Le troupeau se trouvait constamment à proximité des yarangues. L’Eskimo était devenu le maître, l’homme fort du campement. Il ne se nourrissait que de langue de renne. Dès que des langues avaient été mangées, il interpellait les bergers :

- Eh ! Amenez le troupeau. Il ne reste plus de langues.

Comme on sait, le véritable maître du campement avait deux épouses, et l’Eskimo avait très envie de les faire siennes. La plus âgée finit par dire à l’autre :

- Tu devrais consentir.

La première femme de l’éleveur avait mis des semelles d’herbe dans les plekyt de son mari, et ces plekyt étaient suspendues. Chaque jour elle allait les voir : l’herbe des plekyt avait été remuée. La femme comprenait ainsi que son mari était en vie. S’il était mort, l’herbe n’aurait pas été remuée. Elle serait restée comme auparavant.

L’Eskimo avait désormais une femme, car la plus jeune avait consenti.

Un jour le troupeau était couché au bord de la mer. L’éleveur avait un grand et vieux renne domestiqué. Ce renne avait vu son maître qui était dans l’île. Comme si de rien n’était, pendant que le troupeau était couché, le renne domestiqué se mit à galoper le long du rivage. Tout en galopant, il se secouait. Soudain il se jeta dans la mer et partit en direction de l’île vers son maître. Celui-ci le reconnut et se dit :

- Oh, il vient me chercher !

Dès que le renne arriva, le maître s’approcha de lui. Le renne partit au galop et s’ébroua. Quand son maître fut à côté de lui, le renne entra dans l’eau. Là il se figea, comme attendant son maître dans l’eau. L’homme monta sur lui, le prit par les bois, et le renne repartit. Traversant, il le ramena chez lui. A peine eut-elle touché terre, la bête s’élança à travers la toundra, puis revint vers la mer et s’arrêta. Son maître le transperça, car le renne devait être destiné à la mer pour avoir aidé son maître : il avait lui-même en quelque sorte contribué au sacrifice.

Le soir le maître s’approcha de la yarangue de derrière et y entra : dans sa yarangue, la yarangue de devant, se trouvait l’Eskimo. Comme il avait grossi, à passer son temps dans le yorongue. L’aînée des épouses avait vu l’éleveur arriver. Elle se rendit à la yarangue de derrière. L’homme dit à sa femme qui entrait :

- Continuez de vivre comme vous l’avez fait jusqu’à présent. Reste là-bas. Ne viens pas passer la nuit ici.

Dans les jours qui suivirent, il entendit sans cesse les hommes abattre les rennes. Enfin les proches de l’éleveur lui dirent :

- Sache-le, il ne sort que pour aller uriner aux abords de la yarangue. Il serait souhaitable que tu t’approches de lui par derrière quand il sera en train d’uriner.

Il répondit à ses amis :

- Vous feriez bien de me préparer une courroie. Quand je l’empoignerai, jetez-la vivement sur lui et ligotez-le.

Ce qu’ils firent. Ils lui attachèrent les mains derrière le dos et lui lièrent solidement les jambes. Puis ils le traînèrent jusqu’à la fosse d’aisance. Vivant, on se mit à déverser sur lui le contenu des pots de chambre. Il mourut ainsi à petit feu. En revanche les gens vécurent à leur aise, débarrassés de celui qui les tourmentait.

Ы'ръонтыё чавчыв


Энмэн ӄол оӈээльычгын чавчывагты гэлӄытлин. Чавчыв ӈирэнӈэвыльын. Чама нытваӄэнат ватомгыт. Ыргин ӈирэӄ эккэт, ӄорагынрэтыльо нитӄинэт. Пыкитльэ оӈээльычга ивнин чавчыв:

- Вэчьым элерэгты мынъылиггили…

- Эй, ӄэйвэ лыгэн!

Наӄам ыяа нывытрэтӄин илир, колё амалваӈ вальын гатле ынкы ныгръоӄэн. Эквэтгъэт ӈирэргэри, оӈээльычгын эвыр чавчыв. Легӈытагъат.

Пыкирык илирик, оӈээльычга ивнин чавчыв:

- Виин ӄылеркын, ынан вай ы'твъэт тырэнэмнуӈэвӈын…

Эквэтгъи ӈанӄэн чавчыв леглегэты. Колё ныгйинрэӄин ытлён! Оӈээльычгын-ым, эчги эквэтгъи чавчыв, элкыгъи. Эвын лылепгъи чавчыв, энмэн ӈанӄэн чекыяа гэнъэтлин ы'твыльын, о'раярагты нылеӄин. Лыгэн-ым гапэлялен чавчыв илирик. Ынкы илирик кыткынӈэтгъэ пэляё чавчыв, йъэлигутэ нитӄин.

Ӈэлвыл ӄонпы ярак ӄача нытваӄэн. Эрмэчьу-ым, авынральо гэнъэтлин оӈээльиӈын, наӄам тэӈэмйиле нытэйӈэтӄин. Эчги йилыт нытэлпыӄинэт, ныӄулильэтӄин ӈалвыльыгынрэтыльэты.

- Э, ӈэлвыл ӄырэтгыкы, эйилыкэ мытнъэл!

Наӄам авынавынральэн чавчывэн гатваленат ӈирэӄ ӈэвъэнти. Колё оӈээльычга ытри нинэрэпиринъюуӄинэт. Ӄынвэр ынпычьэ ивнин ӈинчьэн:

- Вэлер гыто ӄывалёмгэ…

Ынпычьэ ӈэвъэнэ плекыт чавчывэн гэвъээтлинэт, ынӈин ӄонпы въаатэты ныймэтваӄэнат. Амӄынэргатык нинэгитэсӄивӄинэт плекыт: нинэльуӄин – гэвъэгрултылинэт. Ынӈин ӈэвысӄэтэ нинэчичевӄин егтэлыльын ы'вэӄуч. Ыныкит въильу нъитын ӄлявыл – ӄырым въэгти нъырултыркынэт, лыгэн тэпэнинэӈэ нъытваркынат.

Oӈээльычгын колё ӈэвыльу нъэлгъи, ӄэлюӄ-ым ӈинчьэн гавалёмлен ыныкы.

Ӄол нэнтыгъэн ӈэлвыл нанрылгалятгъан аӈӄачормык. Чавчывэн-ым гатвален пэтывэнӄаайӈын. Ынӄэната вэнӄаата гэльулин этын илирик вальын. Мытив а'тав, ӈэлвыл рылытвама, вэнӄаайӈын ръэлямйыльатыӈӈогъэ аӈӄачормылгата. Ръэлямйыльанма-ым чама нытэвляӄэн, люур ӄынвэр ӈанӄэн элкыгъи. Колё аны эквэтгъи илиригйит этынвэты. Илирик-ым вальа нинэлкылӄин, нычимгъуӄин: «Ако энагтыгъэ».

Эчги пыкиргъи ӄораӈы, этын эвыр эймэквъи. Пыкитльэн-ым вэнӄааӄай э'рамйыткоӈӈогъэ чама нытэвляӄэн. Эймэвык этын, ӄораӈы имлылӄэтгъи, ынкы какатвагъэ, ӄынур а'тчальын этынвэты мэмлыткынык. Эвыр-ым этын ӄораткынык нъэлгъи, рыннык инэнрэтгъи, ӄораӈы-ым ӈанӄэн эквэтгъи. Ынӈин ръирэннин, рырагтаннэн этын. Турымпэк, вэнӄааӄай и'рэмйыткугъи амноӈъеквэ, ынӄо эймэквъи аӈӄагты, вэтчагъэ. Вэтчальын этынва тынпынэн, ӄэлюӄ-ым ынӄэн этъым гатвылен аӈӄагты, иӈӄун нъывинрэтгъэн этынвэты. Ӄораӈы лыгэн чинит ӄынур нывинрэтӄин тынпынвэты.

Вулӄытвик, чавчыв эймэквъи яатрагты, ӈэнку рэсӄиквъи. Оӈээльычгын-ым ы'ттъоотрак, ыныграк нытваӄэн. Колё гэгынкэвлин ӄонпы ёрочыко вальатык.

Ынпычьэ ӈэвъэнэ гэльулин чавчыв пыкитльэн. Ытлён гэлӄытлин яатрагты. Ӄутынэ-ым нинивӄин ӈэвъэн етыльын:

- Лыгэн виин миӈкыри нытваторэ, лыгэн ынӈин ӄытваркынэтык. Лыгэн ӈэнку ӄытваркын, ынӈэ ӈутку эткивкэ.

Эргатыткогты ӄонпы нэнавалёмӄэнат ӄоранматыльыт. Ӄол нэнтын чавчыв тумгынырык нивын:

- Ынӄэн митъэлыги эмъэчесӄивыльын гагролмэты. Этъопэл нъычамэтагъан э'чельын яалейпы.

Чавчывата-ым тумгыт нинивӄинэт:

- Этъопэл торгынан ӈилгыт етъаӈ нъынтыркыниткы, титэ гымнан пирик, эӄылпэ нъыӈилгыгнитыткы ынкъам нъыкылтыткы.

Лыгэн-ым ынӈин итгъэт. Мынгыт оӈээльычгэн яалегты нэкылтынэт, гыткат ымы ныкылтычирынэт, ынӄо а'ляттъыягыргэты нъэмэтын. Ынкы лыгэн авынаёгты энаттъынво нылгыӄин. Ӄынвэр-ым тылянма ынӈин нэнтын. Ӄымэл-ым этэрмэчьыӈыльыкэ нымэльэв нымытваӈӈогъат.


Le mince


Un homme de notre contrée avait été appelé le Mince parce qu’il était svelte et maigre.

A l’époque il y avait chez les Koriaks un homme solide, très vigoureux. Nul ne pouvait en venir à bout. Il avait un arc si tendu que personne ne pouvait le plier. On transportait cet arc de lieu en lieu pour voir si quelqu’un pourrait le plier. Celui qui réussirait serait l’égal du vigoureux Koriak. Mais personne en nul lieu n’avait pu courber l’arc.

Le Mince vivait tout au bout du campement. Quand arrivèrent les visiteurs /porteurs de l’arc/, il se trouvait au pâturage. Ils retirèrent l’arc /de sa housse/ et le tinrent prêt. Un voisin du Mince qui se trouvait là ne put plier l’énorme arc. La femme du Mince alimentait le feu. Elle se dit dans son for intérieur : « Il pourrait, mon mari ... »

Les parois du yorongue, relevées, reposaient sur des piquets. Un des visiteurs koriaks l’entendit, bien qu’elle eût soliloqué en elle-même sans prononcer une parole. Il lui dit :

- Ah, il semble que tu aies parlé. J’ai l’impression que tu disais : « Il pourrait, mon mari ... »

- C’est vrai, je l’ai dit.

- Où se trouve ton mari ?

- Là-bas, au pâturage.

- Va donc le chercher.

Le Mince arriva. Il entra. On avait accroché le gros arc en travers, au-dessus de la porte. Le Mince se coucha à plat ventre dans le yorongue, tourné vers l’extérieur. Il regarda du côté de la porte, aperçut l’objet qui était accroché et dit :

- Qu’est-ce que ce grand machin, pour l’heure ?

- C’est, lui dirent-ils, un arc de notre contrée. Il s’agit de le courber. Celui qui réussira devra s’en venir par chez nous.

- Apportez-le voir.

On le lui apporta. Le Mince /le prit d’une main et/ sortit l’autre main de son col. Alors, sans la moindre difficulté, il plia l’énorme arc. Les visiteurs l’emmenèrent sur-le-champ.

Le chef koriak était adroit et très fort. Il s’entraînait des deux côtés d’un grand rocher, au bas d’un glacier plein de rugosités. Il s’en laissait glisser et s’y entraînait. Il remettait une grosse pierre ronde en guise de ballon à ceux qui venaient le voir.

Le Mince arriva avec sa femme. On lui donna un ballon /de ce genre/ pour qu’il s’en amuse. Il prit la pierre comme si c’était une vulgaire balle et la lui lança. Le Mince vainquit le puissant Koriak sans coup férir, bien qu’il fût très vigoureux, se servant même de la grosse pierre comme d’un ballon. Ensuite le puissant Koriak se laissa glisser vers le glacier plein de rugosités. Le Mince le suivit. Il mit un petit bonnet en peau de loup. On avait laissé les oreilles du loup à la partie supérieure. Il se laissa glisser du haut du rocher. Le vigoureux Koriak l’attendait. Quand il se précipita sur lui, les oreilles du bonnet du Mince s’agitèrent comme si elles marchaient. Alors il empoigna le Koriak, lui arracha les cartilages de la gorge, et lui frappa la tête qu’il envoya rouler. Décapité, l’homme resta debout de la sorte. Le Mince avait vaincu le chef koriak. Les habitants du lieu furent très heureux car il était venu à bout de celui qui les tourmentait. Dans leur joie, ils lui firent toutes sortes de cadeaux.

Le Mince avait épousé une femme qui avait deux frères, ses aînés. Ceux-ci allèrent chez lui pour la lui enlever. Il était en train de manier la doloire près d’un traîneau-resserre. Il les vit venir, accrocha ses jambes autour de son cou, au-dessus de sa tête, et continua de bricoler. Quand ils arrivèrent, ses jambes tombèrent d’elles-mêmes. Il leur dit :

- Tiens, des visiteurs. Eh, bonjour. Entrez prendre le thé.

Un poteau était fiché en terre près de la yarangue. En entrant, il dit aux visiteurs :

- Je vais vite aller déféquer.

Alors il sauta en haut du poteau et, là-haut, se tenant sur un pied, il déféqua. Les visiteurs qui étaient entrés pensèrent, étonnés : « Nous ne pourrons lui reprendre sa femme. » Le Mince leur demanda :

- Que faites-vous donc ?

- Nous sommes simplement venus te rendre visite. Le Mince alla leur chercher toutes sortes de cadeaux. Avant qu’ils les aient chargés sur leur dos, il leur dit :

- Mettez-vous en route. Je vous les porterai.

Or ils habitaient loin et ils pensèrent : « Fuyons. Il ne pourra nous rejoindre. »

Ils disparurent avant qu’il ait fini de charger. Il acheva de faire ses charges, se mit en route et les eut vite laissés derrière lui. Il était déjà allongé dans le yorongue et buvait son thé après avoir jeté ses charges là même quand arrivèrent ceux qui étaient partis avant lui. Et pourtant ils étaient véloces. Après le thé, il redemanda ses plekyt. Le soleil était en train de se coucher et sa yarangue était loin.

- As-tu l’intention de partir ?

- Oui, sinon ma femme dormirait seule.

Гытычьын


Морыӄӄачкэн ӄол ӄлявыл Гытычьыно гэлгылин, ӄэлюӄ-ым ытлён ныгытӄэн, ӄопӄъалявыл.

Гатвален ӄол танӈармачьын, колё ныкэтгуӄин, ӄырымэвын а'ӄанраӄавыӈ вальын. Ынин нытваӄэн тиӈур, колё нъивӄин, ӄырымэвын микынэ рываарватавкы. Ынӄэн тиӈур гэннутэкэмлилетлин, иӈӄун микынэ раваарванӈынэн. Ыныкит энмэн микынэ раваарванӈынэн тиӈур, ынӄэнына райъовнэн танӈармачьиӈын. Тэӈгэмгэнымык натаӈылвавын рываарватавык тиӈур.

Таӈынанчьомыткыннымнымык нытваӄэн Гытычьын. Тэкэм рыёнвык нытваӄэн Гытычьын, пыкиргъэт рэмкыльыт. Пыкирык, нагтогъан тэӈотчыӈын, нантэнмавын. Итык-ым ынкы вальа, ватомга Гытычьынэн, нылвавӄэн ваарватык тэӈотчыӈын. Гытычьынэн ӈэвъэн нывинтэтӄин, эмӄэлелвынэ иквъи:

- Ӄэглыӄун Гытычьына…

Ёроӈы тагропэты нытваӄэн, ӄол рэмкыльын танӈытан гавалёмлен, алымы ӈэвысӄэт эмкэлелвынэ, ванэван вэтгава нивын. Иквъи рэмкыльын:

- А, рэӄын мэливыльигыт, ӄынур мэливыльигыт: «Ӄэглыӄун Гытычьына?»

- Ӄэйвэ ӄун нивигым.

- Э'ми-ым Гытычьын?

- Ӈан-ым рыёнвык.

- Э, вынэ кыйъогын.

Пыкиргъи Гытычьын, рэсӄиквъи. Тытлывочвэчгык гаймэлен тэӈотчыӈын. Рылыпгъэ Гытычьын, тытлеты лылепгъи, льунин йымэтвальын, иквъи:

- Ӈаанӄэн-ым ынръа ръанотачгын?

Никвъэн:

- Ынӄэн-ым морыӄӄачкыльэн тиӈур, энмэн рываарватавьёлӄыл. Микынэ раваарватавӈынэн, ынӄэн о'равэтльан ӄытыльылӄыл ӈэнри.

- Китаӄун ӄырэтгыткы.

Нэнэймэвын. Гытычьына ӄачакэн мынгылгын э'нныкагыргэпы йытонэн, лыгэн ынкэӄэй ваарваннэн тэӈотчыӈын, тэӈэӈъэркэ.

Ынкы-ым рэмкыльэ нанлымӈэнавын Гытычьын.

Ынӄэн танӈармачьиӈын тэгымлыльын чама, колё ныкэтгуӄин. ынин овэчвын ӈалгыл-энмъоолгиӈын, тарӄойвэйӈын ивтыл вальын, ӈэнри нытэгралеӄэн ынкъам ӈэнку нывичвэтӄин. Нымэйыӈӄин ковлёквычгын ӄэплю нинэлгыӄин ятыльэты, энальосӄэвыльэты.

Пыкиргъэт Гытычьынтэ. Пыкитльэн рыӄэплювичвэвнин, выквылгычгын-ӄэпыл Гытычьына ӄынур ӄэплыӄэй нинэпириӄин, ынӄо ыныкагты нинэнинтыӄин. Ынкы-ым ынӄэн Гытычьына лывнэн танӈармачьиӈын, алымы катгольычгын, рыпэт-ым выквылгычгын ӄэплю тэлвэлгэ. Ынраӄ плыткук танӈармачьиӈын ралегъэ тарӄойвэткынэты, Гытычьыӄай-ым яачы нэмыӄэй. Йымнэн и'гкъэлиӄэй /ӄычат гавэлёма/ ынкъам тэгралегъэ энмэпы ыныкагты. танӈармачьиӈын-ым нъатчаӄэн. Пэнрыткома, Гытычьынэн и'гкъэликин вилют нилюльэтӄинэт, ӄынур нычейвыткуӄинэт. Ӄынвэр-ым пиринин танӈармачьиӈын, ӄуунмытгинрынин, кыплынэн лявтэпы, левыт рэчгэтавнэн. Элевтыки ынӈин нытвэтчатваӄэн. Рырулылтэвнин Гытычьына танӈармачьиӈын.

Колё гакоргавленат ынкэкин нымытвальыт, ӄэлюӄ-ым тармачьыӈыльиӈын нанмыгъан. Амъаӄакоргава рыпэт имырэӄэ нэнӄэвивын.

……………..

Гытычьына гаматален ӈэвысӄэт, ынин ӈирэӄ йичьэмрэт, эмэлкэ ынээльыт ӈэвъэнин. Ынӄэнырык энмэн нэӈэвыгтысӄивын Гытычьын.

Гытычьын майык ӄача ныгатгаткоӄэн. Льунинэт тылельыт, гыткат йымэнэнат и'ннык, левтык гыргоча, ынӈин ныгатгаткоӄэн. Пыкиргъэт, гыркат чинит эрэтгъэт. Гытычьына:

- Ако, еттык! Ако рэмкыльыт! Э, вынэ мынчаграсӄэв!

Ярак-ым ӄача гэнпылин упынпын. Расӄэвэты, рэмкыльыт ивнинэт:

- Вай гымо мамъаляёгъак

Люур ӈанӄэн риӈэгъи опынпыткынэты, ӈэнку ӄонгытгата нъаляёӄэн. Рэсӄиквъэт иничгытыльыт рэмкыльыт, чимгъугъэт: «Кырымэвын аны вай мынӈэвыгтыгъэн…»

Пынлёнэнат Гытычьына:

- А'м ныръэтури?

- А'тавморгынан рэмкичильымури.

Гытычьына ӄэвииръыт йытольаннэнат. Еп этимтиӈкэ, Гытычьына ивнинэт:

- Э, ӄылеркынитык, ынан тыримтиӈынэт.

Алымы-ым рыров нытваӄэнат. Ӄлявылтэ-ым нычимгъуӄинэт: «Вэлер эвын таӈавнайъока ы'нынтымык, мынгынтэвмык».

Еп этимтиӈкыльин амэчатгъат. Тимтиӈгъи Гытычьын, эквэтгъи, эмичгилининэт ӈанӄэн.

Эвын рылыпытвагты нычаёӄэн, имыт гэнритлевлин ынкы. Пыкиргъэт ы'ттъыёл эквэтыльыт, алымы нылгэйӄытчоӄэнат. Чаёплыткок, плекгитгэтгъи. Алымы нытэркамэчымгоӄэн, наӄам яраӈы Гытычьынэн рыров вальын.

- Леӈытаӄ рэквэтгъэ?

- Ээй, ынраӄ-ым тумгытум амынан рэткиквъэ.

Une femme adroite


Or donc un vieil homme n’avait pour enfants que des filles. Autrefois les Koriaks venaient sans cesse ravir aux Lygoravetlat des quantités de rennes. Après être venus à bout de ceux à qui ils s’en prenaient, ils leur ravissaient leurs bêtes.

Un jour le vieil homme dit à ses filles qui s’en allaient, leur charge sur le dos, /garder le troupeau /.

- Surtout ne faites de bouillon ...

Les filles arrivèrent et se mirent à surveiller leurs rennes. Une fois arrivées, l’aînée dit à la cadette :

- Et si on faisait du bouillon ? On va faire du bouillon.

- Mais papa nous a dit de ne pas en faire dans la journée /car les ennemis pourraient voir la fumée de loin/.

- Faisons-en quand même, on verra bien.

Les filles firent du bouillon et se mirent à le boire à côté du feu, autour du feu. Soudain un chef koriak, armé de sa lance, frappa la marmite en plein milieu et cria : « Av-vas ! » Sans perdre un instant la plus jeune des soeurs bondit dans la yarangue comme un oiseau qui se serait envolé. L’aînée, elle, resta sur place. Le troupeau était couché. L’aînée dit au chef koriak :

- Nous ne pourrons rien faire, mais essayons. Le troupeau, vous ne nous le prendrez pas, bien que nous ne puissions ... Car enfin nous sommes des femmes ...

A ces mots le guerrier koriak dit :

- Allons, vous n’êtes pas des femmes !

La jeune fille lui montra ses seins. Le Koriak dit :

- Nous aussi nous avons de la poitrine.

Alors la jeune fille baissa son kerker, et l’homme finit par la croire.
- D’abord je vais aller m’habiller, dit la jeune fille :

Leurs lances étaient évidemment dans le yorongue. On ne se battait qu’à la lance. La cadette dit à l’aînée qui venait d’entrer :

- Laisse-moi l’attaquer.

- C’est inutile, tu ne pourrais le vaincre. Il vaut mieux que ce soit moi.

Sa lance se trouvait dans la yarangue, et même elle vibrait près de la porte. Elle se précipita sur l’ennemi qui attendait. Elle se battit un moment avec lui, et ensuite seulement elle l’atteignit à l’entrejambe qu’elle lui déchiqueta. L’homme s’assit à terre, ce que voyant la troupe ennemie s’enfuit. Un seul guerrier, désemparé, demeura sur place et le tua. La fille lui dit :

- Reste avec nous. Tu seras notre homme. Reste ici.

Ainsi l’homme resta et vécut avec elles et, lui aussi, devint très adroit. Par la suite il prit l’aînée pour femme. Elle conçut un enfant et partit la première à la maison.

La jeune femme marchait. La vieille, sortant de la yarangue, la vit venir. Sa lance étincelait au soleil. La vieille alla dire à son mari :

- Il y a là-bas une personne qui marche. Comme sa lance brille ! C’est peut-être une de nos filles.

Le vieil homme dit :

- On leur a peut-ravi leurs rennes et elles seront restées sans troupeau... C’est l’aînée qui arrive seule.

La jeune femme arriva. Son père lui dit :

- Eh bien, ma fille, t’aurait-on ravi le troupeau ? Où donc est ta cadette ? Peut-être l’a-t-on tuée ?

- En réalité il y a désormais un homme avec nous. Il garde les rennes avec sa belle-soeur.

- Tu m’en diras tant !

Et le vieillard félicita sa fille.

Le lendemain elle mit au monde son enfant. Elle avait gardé sa lance dans le relkun. Soudain voilà que la vieille, qui était sortie, vit un détachement armé koriak. Elle entra rapidement :

- Une troupe ennemie arrive.

- Est-elle déjà près de nous ?

- Oui.

Bientôt arrivèrent les ennemis. Ils cernèrent la yarangue. « Av-vas », crièrent-ils. Alors la jeune accouchée sortit. Ayant tout juste mis son enfant au monde, elle ne pouvait pas encore marcher. A peine dehors elle s’éleva dans les airs et se mit à planer comme un oiseau et à hacher la tête des ennemis. La vielle maman regardait la scène par un trou de la yarangue. Le vieil homme, lui, était resté assis dans le relkun et il demandait de temps à autre à sa femme :

- Où en est-elle, notre petite mouette ?

- Pour le moment elle plane.

La jeune femme finit par détruire le détachement ennemi. Telle était l’adresse de cette femme de l’ancien temps.

Мылыльын ӈэвысӄэт


Энмэн ӄол ынпыначгыӄай эмӈээккэӈинӄэгльу гатвален. Наӄам тэленъеп танӈырамкын колё ӄороткогэлельын. Эвыр ыргынан нынрулылтэвӄинэт пэнрыёттэ, лыгэн ныӄороӄэнат.

Ынӄэн-ым ӄунэче ынпыначгыӄай имтилӄытыльыт ӈээккэт инвнинэт:

- Вэты эвыр ынӈэ атапаӈка…

Эквэргъэт ӈээккэт, гачакэттомгыӄая ӄаальатгъат. Ӈэлвылекы пыкирык, ынпычьэ чакэттомга ивнин ӈинчьэн:

- Аны мынтапаӈ, мытрапавӈыркын…

- Аны ӈан атэ рэӄын гивлин, ынӈэ атапаӈка ы'лё!

- Аны ӄэйвэлым, эплеэн эвыр…

Тапаӈгъат ӈэвысӄэтти. Ынӄо-ым кукэк ыпэ камлелы ыпавымгогъат. Люур танӈармачьиӈа гынункукэк пойгытынпыма «Аввач!» рыннинэт. Ынкэӄэй чакэттомгыӄай манэграчыкогты гъысӄагтатлен. Ӄынут ӈан ръэнут гэриӈэлин. Ынпычьын-ым чакэттомгын ынкы гапэлятлен. Ӈэлвыл нытлытваӄэн. Ынкы ӈэвысӄэтэ ивнин танӈармачьын:

- Аны вай вэлер эвын лывава мытритгъэ… Ӄырым итык ӈэлвыл иткэтэ ӄынтыгыткы, вэлер эвын мытрэмэтэвы… Ӄэйвэ-ым мури ӈэвысӄэнмури…

Ынкы танӈармачьа ивнин:

- Вынэ ӄырымэнаторэ ӈэвысӄэттури!

Ӈэвысӄэтэ чиниткин лёльот рыкалыровнэнат. Танӈармачьын-ым иквъи:

- Вынэ нэмыӄэй мури галёльоморэ.

Ӄынвэр-ым ӈэвысӄэт кэрвэрэгъэ. Вытку льук, танӈармачьын лымаляквъэ. Ӈэвысӄэт иквъи:

- Вай янор мавэръэпыгъак.

Ӄэлюӄ-ым ыргин пойгыт рэлку нынтыӄинэт, таӈампойга нымаравӄэнат. Рэсӄивыльын чакэттомгыӄая нинивӄин:

- Аны гымнан мыпэнрыгъан…

Ынпычьэ-ым ивнин:

- Лыгэнитык вэчьым ӄырым ӄынрулылтэквын… Ынанкэн гымнан мыпэнрыгъан.

Пойгычгын ӈэвысӄэтин манэгракэн тытлык рыпэт нывиврэльэтӄин. А'тчальын а'ӄальиӈын пэнрынэн ӈэвысӄэтэ, ӄээӄын рымъэлилгэвнин, ынӄо вытку ваӄойпынэн, въарйгыргык рыранэн. Ынкы вакъогъэ танӈармачьын. Льук ынӄэн гынтэвръугъэт э'ӄэльыгинив, ыннэн-ым гапэлятлен, гэюптэӈэвлин. Ынӄэнына юптэӈэвыльэ тымнэн армачьиӈын. Ӈэвысӄэыэ ивнин кл'явыл:

- Гыто вэлер мурык ӄлявылё ӄыпэлятгэ, ӈутку ӄытваркын…

Лыгэн-ым ырык ваӈӈогъэ ынӄэн ӄлявыл, нэмыӄэй лыгэмчытвэгъэ. Ынӄо ынпычьын чакэттомгын пиринин. Нанӄатгъэ ӈэвысӄэт. Нанӄыльын ӈэвысӄэт янотрагтыльо итгъи.

Нылеӄин ӈэвысӄэт. Ынпыӈэвӄэе, ярайпы ӈытольа, льунин тылельын. Ынин пойгычгын лыгэн тиркыгйит нымэчыӄэргыткоӄэн. Ынпыӈэвӄэе ивысӄивнин ы'вэӄуч:

- Вайыӈӄэн мэӈин, наӄам ыннэн нылеӄин. Пойгиӈын колё мэчыӄэргыткоркын. Вэчьым мурыкэкин тылркын…

- Леӈытаӄ-ым наӄоронат, уйӈэ эӈэлвыльыкэ нъэлгъэт, наӄам амынан ынпычьын етгъи…

Пыкиргъи ӈэвысӄэт. Пыкитльэн ытлыгэ ивнин:

- Ако, ӈээкык… а'мын наӄоротык?.. Э'мъим ӈинчьэн чакэттомгын? Леӈытаӄ нанмыгъан?

- Итыкэвын ӈаан гаӄлявылынӈаморэ. Ытлён гаӈавысӄанматальа ӄаальатыркын.

- Ако, како!

Лыгэн-ым нэнанъяйвыӄэн ынпыначгыӄая ӈээкык.

Эргатык ӈэвысӄэт кымиӈэтгъи, наӄам пойгычгын рэлку нинэнтыӄин. Люур вай тылельын танӈэтрат нэмэ ынпыӈэвӄэе ӈтольа льунин. Эӄылпэ рэсӄиквъи:

- Ӈоты танӈэтрат нэмэ тылеркын!

- Энмэч чымче?

- Ии.

Аплёратвака пыкиргъэт а'ӄальымкиӈыт. Лыгэн яраӈы накамлелтан. «Аввач!» ӄулильэтгъэт. Ынкы лыгэнэвыр турывмиӈыльын ӈэвысӄэтӈытогъэ. Турывмиӈэтыплыткульын ӈэвысӄэт еп а'ӄачайвыткоӈ нытваӄэн, ынкы ӈытонаӈо лыгэн гырголятгъэ. Ныкамэйгатӄэн ӈэвысӄэт, ӄынур гатле, ынкъам пойгычга нинэлевтычвиткуйвыӄинэт э'ӄэльыгинив.

Ынпыӈэвӄэе патгыргэпы нинэгитэӄинэт, ынпыначгын-ым рэлку нытваӄэн. Ынан нэнамӈылёчьатӄэн ынпыӈэвӄэй:

- Э'ми рай ӈавйъаяӄӄай?

- Итыкэвын еп камэйгааркын.

Ӈэвысӄэтэ-ым нинэтэӈыткуӄин этратчыӈын. Ӄынвэр тэӈыткунин. Ынӈин мыльяальын ӄол ӈэвысӄэт гатвален тэленъеп.

Le petit orphelin


Autrefois, au temps des guerres, un petit orphelin passait son temps à garder les rennes. Bien entendu ses maîtres ne faisaient pas paître le troupeau. Ils ne s’entraînaient pas. C’est pourquoi, mus par la peur des ennemis, ils laissaient toujours le petit orphelin garder seul les bêtes. L’enfant avait un petit renne familier. Quand ils étaient au pâturage, le petit renne disait à son jeune maître transi de froid :

- Viens ici, place-toi dans mon ventre.

Il se glissait dans son ventre et se réchauffait.

Un jour les ennemis survinrent et prirent le petit orphelin pour conduire le troupeau. Ils lui dirent :

- Allons, pousse le troupeau. Ensuite nous te ramènerons. Ou bien tu pourras rester chez nous.

Ils prirent les devants, et le troupeau, comme zélé, suivit leurs attelages. L’autre amena les rennes jusqu’à un col dans la montagne. Avant d’arriver au col, le petit renne dit à l’orphelin :

- Reste ici, sur ce col. Capture un renne d’un an /, abats-le/ et, sans lui découper la croupe, enlève-lui la peau. Attends-nous en te nourrissant de sa chair. Nous reviendrons vers toi et au passage nous t’emmènerons.

C’est ce qu’il fit. Le troupeau, de son côté, arriva à une petite rivière près d’un glacier et fit halte. Pour qu’il n’ait pas froid, le petit renne avait enveloppé l’orphelin dans la peau du renne dont il n’avait pas découpé la croupe. Au matin les ennemis firent traverser leurs propres attelages afin que le troupeau traverse sur leurs traces. Puis ils commencèrent à faire traverser les rennes, mais ceux-ci se mirent à tourner en rond sur le glacier. En essayant de les remettre dans la bonne direction, les ennemis ôtèrent leurs combinaisons de dessus car ils avaient chaud. Le troupeau prit subitement le chemin du retour et partit à toute allure, remontant le chemin par lequel on l’avait poussé jusqu’ici. Les hommes à demi dévêtus couraient de part et d’autre des bêtes. Soudain une pluie mêlée de neige se mit à tomber. N’ayant que leur combinaison de dessous, les hommes furent rapidement trempés. Puis la pluie chargé de neige cessa et le vent d’ouest se mit à souffler. Notre petit ami l’orphelin avait enfilé la peau de la bête dont il n’avait pas découpé la croupe, si bien qu’il n’était nullement mouillé ni transi de froid. Les ennemis, eux, étaient gelés. Ils moururent de froid les uns après les autres, car leurs muscles s’étaient raidis. Ils ne pouvaient plus bouger ni marcher dans leurs habits qui avaient durci.

Les rennes rejoignirent celui qui les attendait au col. Comme il fut heureux, le petit homme. Son renne familier était au milieu du troupeau. Il s’approcha et dit à l’orphelin :

- Installe-toi sur mon crâne entre mes bois.

Il y grimpa et le renne l’emporta. Près de lui marchait un grand mâle aux bois très larges. Le petit renne dit à celui-ci :

- Vous n’avez vraiment pas pitié de celui qui nous attendait et qui nous gardait. Pourquoi ne dites-vous pas : « Je vais le porter à mon tour » ?

Alors le grand mâle dit :

- Eh, à présent installe-toi sur moi.

Le troupeau arriva à l’endroit où se dressait la vieille yarangue et il se mit à paître au même endroit qu’avant, près de la yarangue. Puis l’orphelin rentra du pâturage. Comme on fut heureux de le revoir ! On eut désormais à son égard une attitude pleine de prévenance et de bonté, car il avait ramené le troupeau.


Ейвэлӄэй


Тэленъеп а'ӄальыльанма ӄол ейвэлӄэй тэмпэнин ӄорагынрэтыльо лынъё. Ӄэлюӄ-ым чинит выёльыт тэӈлюнчейвыткутэ, люӈилюльэтэ гитлинэт, йыӄӄэй амайылга а'ӄальэты таӈӄонпы амынан ейвэлӄэй рыюльу нылгыӄин. Наӄам ейвэлӄэйин гатвален вэнӄааӄай. Рыёнвык вама ӄонпы вэнӄааӄая ӄивъельын нинивӄин:

- Вай ӄыетги, гымык нанӄычыко ӄынъэлги.

Нытлыӄэн нанӄычыко, номавӄэн.

Ӄол нэнтыгъэн нантымлятын э'ӄэльэ. Ӄэлюӄ-ым миӈкыри нитын…

Ынкы ӈэлвыл э'ӄэльэ нагтатымгогъан, ӄаагтатыльо нэлгыгъэн ейвэлӄэй. Нивын:

- Эк, вынэ ӄагтатгын ӈэлвыл, ынан эвыр мытрэрэтгыт, чама-ым морыкы ӄыетги.

Эквэтгъэт ы'ттъыёча, ӈэлвыл-ым эвыр ӄынур ӄитпыльыльын гэкэӈыльык яачы эквэтгъи. Ӄутлеӄэй эвыр эчгойгытагнэты ныӄаагтатӄэн. Ичгуйгык пыкэрыӈӈок, вэнӄааӄая ивнин ейвэлӄэй:

- Ӈутку гыто ичгуйгык ӄыпэлятгэ. Пээчваӄӄай ӄэймитгын, ынӈэ апоӄытрака, лыгэн ынӈин ӄынэлгытвыгын, ынӄэната а'тчама ӄытэйӈээркын, ынан вай мытрайъогыт, галягты мытрэпиригыт.

Лыгэн ынӈин итгъи. Ӈэлвыл-ым ӄойвэкоолчыӈык пыкиргъи, ӈэнку нывилгъэт. Пэлятыльын ейвэлӄэй апоӄытракэналга нинитчымӄэтӄин аӄэвъякэгты. Инъэ э'ӄэльэ нэнъирэтынэт чиниткинэт гаканъёт, иӈӄун ӈэлвыл ынкэгйит нъиргъэн. Нанъэратымгогъан ӈэлвыл. Люур ӄынвэр ӄуйвик камлетлыыӈӈогъэ ӈэлвыл. Ӄаанлельатыльыт ӄынвэр гиръычвытурэръулинэт, ӄэлюӄ-ым гомавленат. Ӈэлвыл-ым люур ныватакватымгогъэ, ӈанӄэн и'рэгъи агтатвэнвыеквэ о'раяалегты. Аны ӈалгылё нытаӄэн ӈэлвыл иръычвытурэръульэ. Люур вай илыпиӈэръугъи. Аны ӄынвэр-ым итӄыеквъэт амэвычаӈэръыльыт. Ынӄо-ым илыпиӈэръуплыткук-ым ынраӄ ӄэралгэпы тылигъи. Тумгэӄэйынэ ейвэлӄэе гайпылен апоӄытракэналгын, ӄымэл-ым тэнлюӈитӄыевэ чама тэнлюӈӄитэ гитлин. Э'ӄэльыт-ым ӄэтыкватръогъат, ӄитывъиръугъэт, Ӄэлюӄ-ым э'вкы гэнъэтлинэт, аръаля гулвэвлинэт, а'ӄачайвыткоӈ, э'вкы эвиръыт.

А'тчальын ичгуйгык найъогъан ӄаата. Колё гакоргавлен ӄлявылӄай-ейвэлӄэй. Гынунык ӈэлвылекы нылеӄин вэнӄааӄай. Эймэквъи вэнӄааӄай, ивнин ейвэлӄэй:

- Ӈутку вай айвавытгырык ӄывакъогэ.

Вакъогъэ ейвэлӄэй айвавытгырык, лыгэн ынӈин нинэнлеӄин. Ынкы ӄача нылеӄин эквычымӈачгын, колё пагъянныльычгын. Эвыӈӈогъэ ыныкагты вэнӄааӄай:

- Колё а'мын эейвэчкыльытури морыкы а'тчальэты, энагынрэтыльэты мурык. Тэӈивкыльытури: «Гымръам мимтигъэн».

Ынкы чымӈачгын иквъи:

- Э, вынэ ынръа ӈутку ӄывакъогэ.

Пыкиргъи ӈэлвыл пэтыратагнык, ынкы авээмгогъэ пэнинэк ярак ӄача. Эвыр-ым ӄол рэвырагтыгъэ. Рагтыльын лыгэкоргаво нэлгыгъэн, ӄонпы лыгииӈвиӈу, тэӈу, ӄэлюӄ-ым ӈэлвыл гантаглятлен.