Avant-Propos

Quelques données sur la langue, la littérature et la culture 
des Lygoravetlat (Tchouktches)

Par Charles Weinstein

Chaque année, de 1993 à 2002, à l’occasion de longs séjours au pays des Lygoravetlat, la Tchoukotka, j’ai pu grâce à l’aide précieuse d’informateurs m’initier au mode de vie et de pensée de ce peuple, à sa langue, à sa littérature.
Péninsule située à l’extrémité nord-orientale du continent eurasiatique, face à l’Alaska, la Tchoukotka a été «découvert » par les explorateurs russes au milieu du 17e siècle. Sa population autochtone se compose essentiellement de Lygoravetlat (quinze mille personnes environ, éleveurs de rennes et chasseurs de mammifères marins) et de Yupiks (près de quinze cents, chasseurs de mammifères marins).

Les autochtones sont aujourd’hui très minoritaires sur leurs terres ancestrales, et ce sont les Européens (Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Caucasiens, Baltes, etc.) qui sont à la tête de l’administration. Les autochtones n’ont que peu de poids dans la prise des décisions concernant la vie du territoire. Jusqu’au 20e siècle les Lygoravetlat avaient pour l’essentiel conservé leur culture. Ils étaient restés réfractaires aux tentatives faites par Saint-Pétersbourg pour les convertir à la religion orthodoxe, leur donner des noms russes, leur faire payer l’impôt en nature. Au cours des premières décennies qui ont suivi la révolution de 1917, des pionniers soviétiques apprirent leur langue, leur donnèrent une écriture et couvrirent petit à petit le pays d’un réseau d’écoles et de dispensaires. Vers le milieu du siècle cependant, on assista à un afflux massif d’allochtones qui, eux, manifestaient peu de respect pour les autochtones et leur culture. 

Depuis un demi-siècle le monde spirituel, les connaissances traditionnelles et la langue des Lygoravetlat ont connu un déclin dramatique sur lequel les autorités ferment les yeux. Pour comparer avec un organisme humain, on peut dire qu’il y a non assistance à peuple en danger.

Ce site, qui est mis progressivement à la disposition du public, propose :
- des textes notés de la tradition orale, romans et récits de la jeune littérature écrite, souvenirs et autres matériaux traduits de la langue des Lygoravetlat,
- des descriptions de la langue mettant l’accent sur les aspects non décrits par les grammairiens russes,
- un dictionnaire thématique tchouktche-français-anglais-russe.

Le contenu de ce site reste la propriété de l’auteur qui demande qu’on veuille bien, en cas d’utilisation de ses données, en indiquer la source. Il souhaiterait par ailleurs qu’on l’informe en cas d’usage de ces matériaux.

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